Jean-Claude Oliva (JNE) a visionné le documentaire Water makes money, diffusé le 22 mars 2011 sur Arte. Voici son analyse.
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par Jean-Claude Oliva
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Les réalisateurs de Water makes money n’en sont pas à leur coup d’essai. Leslie Franke et Hermann Lorenz ont réalisé en 2005 Eau : service public à vendre. Ce premier documentaire, diffusé dans les réseaux militants, menait l’enquête sur la privatisation de l’eau en Allemagne et en Angleterre.
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C’est ainsi qu’ils ont rencontré Veolia et Suez et pris conscience de l’importance de ces entreprises, les premières, et de loin, dans leur domaine, au niveau mondial. Cela leur a donné envie d’en savoir plus et de poursuivre leurs investigations dans le berceau de la marchandisation de l’eau, c’est-à-dire en France, où elles desservent environ 80 % des usagers de l’eau et sont omniprésentes dans les marchés publics locaux : déchets, transports, énergie, etc.
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L’ambition de ce film est donc de décortiquer un système de collusion, voire de confusion, entre pouvoirs économiques et politiques. Et son premier mérite est d’exister ! En effet, les documentaires sur ce sujet ne se bousculent pas au portillon dans notre pays. C’est que les pressions sont fortes, il y a même un précédent malheureux : le documentaire Flow, attaqué en diffamation par Suez, a vu sa diffusion compromise, bien qu’il ait eu gain de cause devant la justice.
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Water makes money est lui attaqué par Veolia, mais une première tournée de diffusion militante à l’automne lui a évité cette censure rampante. Son passage sur la chaîne franco-allemande constitue un encouragement pour d’autres réalisateurs et pour aller plus loin dans cette voie.
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Les réalisateurs se sont heurtés à l’obstacle de la langue et du système administratif français. Sans surprise, c’est sur les parties consacrées à Berlin ou à Munich qu’il sont les plus pertinents et les plus convaincants. Le resten’est pas déshonorant, mais on reste un peu sur sa …soif ! L’essentiel porte sur des mécanismes financiers déjà éventés depuis de nombreuses années, comme l’affaire Carignon à Grenoble… Ce regard rétrospectif n’est pas sans intérêt pour un large public qui a pu passer à côté.
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Mais au-delà de son contenu, le film a un intérêt majeur : il rend visible que les temps ont changé et qu’un mouvement en faveur de la gestion publique de l’eau est en train d’émerger, en France comme en Allemagne et dans bien d’autres pays. C’est grâce à lui que le film a vu le jour, avec une souscription portée par les comités locaux d’ATTAC.
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Et réciproquement, des dizaines de projections débats en région parisienne ont réuni avec la Coordination Eau Île-de-France, de multiples associations, des élus et … des centaines de participants, révélant une dynamique citoyenne inespérée, il y a peu encore. De quoi célébrer avec un certain optimisme la journée mondiale de l’eau !
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1 réflexion au sujet de « « Water makes money », un tournant dans le combat pour la gestion publique de l’eau »
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