La foresterie menace-t-elle la forêt ? Le titre de l’enquête menée par Cécile Michaut a le mérite de poser la question de façon claire alors que 2011 a été proclamée Année internationale de la forêt par l’ONU. Pour être encore plus clair, on pourrait préciser ainsi : La foresterie menace-t-elle la forêt française ? puisque c’est le contenu exact de cette enquête touffue. Pour rappel ce thème était également celui du colloque organisé par les JNE (lire le compte-rendu) le 11 février 2011.
Le débat et les partis en présence sont clairement identifiés avec d’un côté la « foresterie » représentée par les partisans d’une forêt gérée prioritairement pour la filière bois, et de l’autre, les partisans d’une forêt multifonctionnelle utilisée pour la filière bois, mais aussi pour la préservation de la biodiversité, de la qualité de l’eau et des paysages, sans omettre l’aspect « accueil du public ». Le débat est d’actualité puisque le prochain protocole d’accord entre l’Etat et l’Office national des forêts (ONF) doit être signé prochainement pour 2012-2016.
Comment concilier tous ces objectifs à priori difficilement compatibles ? Les chiffres cités dans l’enquête laissent apercevoir l’ampleur du problème : la France est déficitaire de 2 milliards d’euros dans son approvisionnement en bois alors que les forêts couvrent 30% du territoire et que les 3/4 sont privées… C’est dans ces conditions que la filière bois veut produire plus pour répondre à la demande d’un marché naissant comme celui du bois-énergie ou en pleine expansion comme celui des maisons en bois (le marché des maisons en bois a été multiplié par trois entre 2000 et 2008) . Pour y parvenir, la filière préconise de changer les pratiques de gestion actuelles : abandon de la forêt multifonctionnelle et de la régénération naturelle au profit d’une forêt productive avec la plantation d’espèces sélectionnées (comme en Allemagne), plantation massive de résineux, etc. En face, les partisans d’une forêt multifonctionnelle annonce que la « biodiversité est utile pour produire à plus long terme ».
Gageons qu’un protocole sera signé en tenant compte de tous les points de vue, mais dans le sens d’une forêt multifonctionnelle. Il y a cependant un point essentiel sur lequel tous sont d’accord : c’est celui d’une meilleure exploitation des forêts privées puisque comme le souligne Cécile Michaut « 80% des volumes supplémentaires à récolter se cachent dans les forêts privées, morcelées et donc coûteuses à exploiter.»
Comment pousser les 3,5 millions de petits propriétaires forestiers à bien gérer leurs petits bouts de forêts de façon rentable ou gratuite ? Quelques solutions se profilent, que je vous laisse le soin de découvrir dans la deuxième partie de cette enquête foisonnante !
A lire également dans ce numéro, deux pages sur les enjeux du « Bruit », signé par Olivier Descamps. Quatre nouveaux observatoires du bruit vont voir le jour en 2011 dans le quart sud-est du pays. Deux existent déjà, Acoucité (Lyon) et Bruitparif (Ile de France). Le rôle de l’observatoire est de proposer des solutions aux nuisances sonores… et au pouvoir politique. L’article décrit le fonctionnement efficace de ces structures et cerne judicieusement la question de leur financement… qui demeure incertain.
Enfin un dossier « Friches industrielles, les outils de la reconquête » traite de l’état des sols (pollués ou non) et de sa future prise en compte dans les documents d’urbanisme. Quels outils sont mis à la disposition des collectivités locales pour connaître le niveau de contamination d’un sol ? Quel prestataire de qualité certifiée choisir pour recycler une friche industrielle et à quel prix ?
(Cécile Arbona)
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