Plusieurs journalistes des JNE ont participé le 28 janvier 2011 à un voyage de presse à Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais), sur cette « ville-pilote » du développement durable. Voici un premier article à propos de cette expérience, suivi par deux reportages audio réalisés au cours de cette journée, et diffusés sur Radio Ethic.
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par Christian Weiss
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Il est des lieux incertains dont le nom même semble évoquer des origines mystérieuses, où les cicatrices géologiques et la morphologie des paysages sont tellement imbriquées que l’on devine ici que l’Homme et la nature se sont confrontés dans des joutes titanesques. Pays de marécages et de forêts jusqu’au Moyen Age, la Gohelle est peu à peu conquise par l’agriculture et l’élevage et ses paysages évoluent peu jusqu’au milieu du XIXe siècle …
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Avec la révolution industrielle, Loos-en-Gohelle devient en 1854 le ventre du bassin minier, dont il faut extraire, au fil du temps, toujours plus et arracher toujours plus profondément le précieux charbon nourrissant les machines … Des forêts primaires humides qui sont à l’origine de ce diamant noir, reviennent alors en surface les empreintes des fougères et des prêles géantes, entre schistes et anthracites dispersées sur les Terris …
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Dirigés souvent par des gérants sans scrupules, les compagnies minières ne se soucieront ni des hommes, ni de la nature, ni de la cité … et des centaines de mineurs périront de mort lente ou brutale, brûlés par les gaz, écrasés dans les galeries ou étouffés par les poussières …
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Peu d’entre eux atteignent la cinquantaine. Durant les folies meurtrières des guerres européennes, les hommes mourront encore dans la boue des tranchées pour que se poursuive à tout prix l’exploitation du minerai fossile. Quand au fil du temps, les filons s’épuisent où ne sont plus rentables, les puits ferment et la dernière fosse, la 19, cesse ses activités en 1986.
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La nature est bouleversée, les sols déstabilisés et pollués, la commune éparpillée en corons agglomérés autour des puits … Tout ce qui épuise l’homme, la nature et ses ressources a été systématisé dans le Bassin minier … Et, pourtant, si des ruines de cette confrontation renaissait une nouvelle culture avec pour phare Loos-en-Gohelle ?
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Depuis presque un quart de siècle, dans une volonté commune, élus locaux et habitants ont pour projet – ici et maintenant – de faire de Loos une ville pilote du développement durable : valorisation du patrimoine minier et des hommes incarnant le sang de cette terre, réhabilitation des corons existants en habitats de haute qualité environnementale, maintien d’une agriculture durable, gestion raisonnée des espaces verts publics, réhabilitation des milieux naturels colonisant les terris, voies vertes douces maillant la commune, prés vergers entre ville et campagnes …
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Jean-François Caron, maire de Loos, incarne avec chaleur cette volonté politique qui va au-delà de la communication et de l’effet d’annonce : rendre sa commune et la société qui y vit désirables.
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Une lueur d’espoir pour notre époque !
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Extrait d’une émission de Radio-Ethic sur Loos-en-Gohelle
(cliquez sur la flèche pour écouter)
[audio:http://www.www.jne-asso.org/wp-content/uploads/2011/02/Loos-RADIO-ETHIC.mp3].
Interview de Michel Rocard sur Loos-en-Gohelle (Radio Ethic)
(cliquez sur la flèche pour écouter)
[audio:https://www.jne-asso.org/wp-content/uploads/2011/02/Rocard-à-Loos-en-Gohelle-RADIO-ETHIC.mp3]
1 réflexion au sujet de « Loos-en-Gohelle : mémoires de la terre et désirs … »
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