Il ne reste plus que deux mois… avant que le nouveau marché de restauration scolaire soit bouclé à Marseille, et cela pour les 7 années à venir !
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Par Christine Kristof
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Le marché de la restauration scolaire à Marseille est, avec ses 45 000 repas/jour, l’un des plus importants d’Europe. Deux sociétés de restauration collective se partagent ce marché depuis 17 ans, depuis qu’en 1993, la Mairie a décidé de déléguer ce service public à des entreprises privées.
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Aujourd’hui, ce marché est en passe d’être réattribué aux mêmes prestataires sans que le cahier des charges ne contienne de contraintes ou d’objectifs clairs pour une amélioration de la qualité des repas servis aux enfants des écoles maternelles et primaires de la Ville.
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Des parents se mobilisent
Des parents se mobilisent depuis plusieurs années à Marseille sur cette question, notamment à travers le collectif « Changeons la Cantine ». Ils se saisissent depuis le printemps dernier de l’opportunité du renouvellement de ce contrat pour faire entendre leurs attentes, notamment en matière de qualité et de provenance des produits. Le suivi de ces actions et des informations précises sont consignées dans deux blogs (cités en bas de cet article).
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Ces parents, qui sont de simples citoyens, ont été amenés à faire eux-mêmes des recherches poussées pour comprendre le fonctionnement du système cantine à Marseille et ont constaté de nombreuses anomalies, non seulement aux niveaux de la qualité des repas, mais aussi sur les conditions dans lesquels ils étaient pris (bruit, stress, sous-effectifs, manque d’accompagnement, absence de protocole en cas de problème…).
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La Mairie argumente sur le fait que la qualité bactériologique des repas servis est irréprochable – ce qui semble être un minimum, mais ne se préoccupe ni de qualité nutritionnelle au véritable sens du mot, ni de qualité toxicologique pour savoir si les aliments servis aux enfants contiennent des résidus de pesticides ou des additifs dangereux pour la santé, sans parler des OGM (sur lesquels tout n’est pas vraiment clair).
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Malgré plusieurs tentatives pour sensibiliser les élus et les services en charge de ces questions, notamment l’été dernier, lors du conseil municipal lançant la procédure de renouvellement, et malgré une forte mobilisation sur internet, aucune rencontre avec des représentants de la Ville n’a pu avoir lieu.
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Les parents, quoiqu’en dise la Mairie, n’ont été associés à aucun moment, ni pour entendre leurs propositions concrètes sur l’amélioration globale du service de restauration scolaire, ni pour l’élaboration du cahier des charges (voir ci-dessous la liste des propositions), notamment par rapport à l’introduction du bio, ou du moins de produits frais, de saison et de proximité, la diminution des graisses, sucres et fritures, la diversité et la qualité nutritionnelle des aliments, la garantie de l’absence de produits toxiques dans les repas servis à la cantine.
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Un manque de bon sens
A l’heure où Générations futures (www.mdrgf.org) révèle la présence de 128 résidus de pesticides par jour dans les urines des enfants alimentés en nourriture conventionnelle, dont 40 soupçonnés d’être cancérigènes (www.menustoxiques.fr) ; à l’heure où de multiples campagnes anti-obésité sont menées en France, à l’heure où le Grenelle de l’environnement incite à introduire 20 % de bio dans les cantines d’ici 2012, à l’heure où commencent à être révélées les incidences de l’environnement – et notamment de l’alimentation – sur le développement de certains cancers…. (voir les sites de l’ASEF www.asef-asso.fr/ et d’ARTAC www.artac.info), Marseille se montre exemplaire dans sa politique de l’autruche, agit contre tout bon sens, joue au poker avec la santé des enfants (à un âge particulièrement crucial) et oriente sa politique agricole vers une impasse en négligeant les apports considérables qu’un choix judicieux pourrait avoir sur son économie locale…
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Un manque de transparence
Pourquoi un tel manque de transparence ? Pourquoi les parents ne peuvent-ils légitimement savoir ce que mangent leurs enfants ? Il n’y a pas de détails de traçabilité, ni de provenance clairement affichée. Les parents n’ont pas la possibilité d’assister aux repas des enfants sans un arsenal de protocoles et d’encadrement.
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Quel est le véritable coût des repas en ce qui concerne la matière première ? Pourquoi tant de gaspillage (selon certaines études, 40 % des repas sont jetés à la poubelle) ? Pourquoi la Mairie reste-t-elle dans sa tour d’ivoire et M. Gaudin méprisant face aux multiples requêtes (cf. Conseil Municipal de juin 2010 en vidéo sur le site www.marseille.fr lien : http://sportsat.mairie-marseille.fr/ArchWM/cm20100621.html).
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La Mairie refuse de recevoir les membres du Collectif « Changeons la Cantine ! » sous prétexte qu’ils ne sont pas parents élus et membres d’une association de parents d’élèves. De nombreux parents mobilisés appartiennent néanmoins à ces instances sans pouvoir mobiliser leurs dirigeants. La Mairie est-elle en droit d’exiger cela alors qu’il s’agit d’un service public qui concerne donc tous les citoyens, et de surcroît les usagers ?
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Il y a certainement des choses qui nous échappent totalement et, malgré tous nos efforts, nous ne sommes pas assez experts juridiquement pour démêler tout cela.
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La situation aujourd’hui
La procédure est aujourd’hui dans la dernière ligne droite. Les candidats (Sodexo et Avenance), les seuls en capacité à pouvoir répondre à l’appel d’offre, vu la taille et la spécificité du marché, ont rendu leurs offres, mais doivent négocier plus en détail les contenus avec la Mairie d’ici la fin du mois d’avril. Le marché sera attribué en juillet 2011 pour 7 ans.
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Sans contraintes particulières (qualité, provenance, proximité…), quels seront les critères qui vont guider le choix final ? Cela sera-t-il uniquement le prix ?
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Et pourtant ils savent faire…
Les sociétés en question sont des professionnels de la restauration collective. Ils savent, ailleurs, faire de la qualité ou des efforts en matière de développement durable. Mais ils avancent toujours qu’ils sont tenus par les exigences qu’on leur donne, à savoir à Marseille, celles inexistantes de la Mairie.
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Comment se fait-il que Marseille ne soit toujours pas sensible aux améliorations faites ailleurs, avec ces mêmes prestataires ? D’autant, que dans la plupart des villes, ces choix ne se sont pas fait sous la contrainte des parents, mais par une volonté politique des élus.
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Le collectif interpelle …
Le collectif « Changeons la Cantine ! » mène actuellement de multiples actions de sensibilisation pour avertir et agir tant qu’il est encore temps.
Il interpelle les élus membres de la commission d’appel d’offres et les services du Bureau de la restauration scolaire à Marseille, au moyen d’une lettre explicite et de l’envoi d’un livre édifiant : Cantines ; le règne de la malbouffe. Entretiens croisés entre Philippe Durrèche et Jacques Pélissard. Ed. Mordicus.
Il travaille conjointement avec le WWF et sa campagne « oui au bio dans ma cantine ».
Il interpelle des parrains, notoriétés de la vie publique ou de la gastronomie française, pour le soutenir dans sa démarche.
Il informe les parents par ses blogs et la diffusion de flyers dans les magasins et paniers bio.
La pétition peut toujours être signée en ligne http://lapetition.be/en-ligne/petition-7021.html
Il communique dans la presse.
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A ce titre, tous les internautes sont bienvenus pour nous accompagner dans notre démarche d’information, d’investigation, de sensibilisation !
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Le travail d’enquête réalisé par les membres du collectif « Changeons la Cantine », ainsi que leurs propositions, sont consignés dans un blog : http://cantinemarseille.canalblog.com + un autre blog d’information : http://cantines-bio-marseille.blogspot.com.
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