par Loïc Chauveau
Le monde compte donc depuis fin octobre un nouveau protocole appuyé à une convention internationale. Le texte signé à Nagoya par 193 Etats encadre les relations entre pays utilisateurs d’extraits naturels, molécules et gènes issus du vivant et les pays producteurs. Soit, les pays du nord et leurs puissantes industries pharmaceutiques et cosmétiques et ceux du sud et leurs forêts et barrières de corail.
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En réalité, cela fait 17 ans que la question de l’accès et du partage des avantages est réglée. Elle est inscrite en toutes lettres dans la Convention sur la diversité biologique entrée en vigueur en 1993. Normalement, depuis cette date, aucun industriel, aucun organisme de recherche ne peut collecter et exploiter une plante ou un animal sans en partager les bénéfices avec l’Etat, propriétaire de ces ressources.
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Les Etats ont failli à construire une législation nationale. La communauté internationale vient d’y remédier. Ce qu’on en espère ? Un nouveau mode de financement de la protection de la biodiversité : intéressées à la protection de ces lieux générateurs de vertus médicinales ou cosmétiques, les populations détentrices de savoirs traditionnels seront moins tentées de les surexploiter pour diminuer leur état de pauvreté. Nous verrons d’ici quelques années si ce calcul est raisonnable.
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C’est un accord multilatéral qui règle cette question que les Etats ont dédaigné. Est-ce qu’un accord multilatéral saura régler l’érosion de la biodiversité ? Les 20 objectifs de la stratégie 2020 adoptés également à Nagoya paraissent autrement sérieux que le vague engagement pris en 2002 à Johannesbourg de freiner l’érosion de la biodiversité en 2010.
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Il y a cette fois des objectifs chiffrés (17 % de la surface terrestre protégée quand les ONG réclamaient 25 %, 10 % des aires marines contre 1% actuellement) et des outils qui ne coûtent pas forcément cher, mais peuvent être douloureux. Ainsi de la suppression d’ici 2020 des aides et subventions néfastes pour la biodiversité.
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Ce qui signifie la fin du carburant détaxé pour les chalutiers industriels et les tracteurs de l’agriculture intensive, la réforme de la fiscalité sur les zones naturelles si défavorables qu’il est préférable de les transformer en terrain à bâtir, l’abolition d’une TVA à 5,5 % sur les pesticides et les engrais chimiques. Le personnel politique français envisage un « Grenelle de la fiscalité » pour 2011. Il ne faudra pas oublier de rappeler à nos députés et sénateurs la signature de la France à Nagoya…
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Loïc Chauveau a couvert le sommet de Nagoya pour Sciences et Avenir et Gaia Network.