Le discours de Severn Suzuki au sommet de Rio en 1992

Richard Varrault, animateur du site WaterNunc et administrateur des JNE, a mis en ligne sur son site la vidéo et le texte intégral du discours de Severn Suzuki au sommet de Rio en 1992. Il nous a permis de les reprendre sur le site des JNE. Ce discours est le fil conducteur du film Severn de Jean-Paul Jaud (cliquez ici pour la bande-annonce), qui sort dans les salles françaises le 10 novembre 2010.

« Bonjour. Je suis Severn Suzuki et je représente l’ECO, l’Organisation des enfants pour la défense de l’environnement.

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Nous sommes un groupe d’enfants canadiens âgé de 12 à 13 ans essayant de faire des efforts : Vanessa Suttie, Morgan Geisler, Michelle Quigg et moi. Nous avons réuni tout l’argent nécessaire pour venir par nous-mêmes et faire 5 000 miles afin de vous montrer que vous devez changer votre façon de faire.

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En venant ici aujourd’hui je n’ai pas besoin de déguiser mon objectif. Je me bats pour mon futur. Perdre mon futur, ce n’est pas pareil que perdre des élections ou quelques points de la bourse.

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* Je suis ici pour parler au nom de toutes les générations à venir.
* Je suis ici pour parler au nom des enfants affamés partout dans le monde dont les cris ne sont pas entendus.
* Je suis ici pour parler au nom des innombrables animaux qui meurent parcequ’ils n’ont pas d’autres endroits où aller.
* J’ai peur d’aller au soleil maintenant à cause du trou dans la couche d’ozone.
* J’ai peur de respirer l’air car je ne sais pas quelles substances chimiques il contient.
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J’avais l’habitude d’aller pêcher à Vancouver, mon lieu de naissance, avec mon père, il y a juste quelques années en arrière, jusqu’à ce qu’on trouve un poisson atteint du cancer. Et désormais nous entendons parler d’animaux et de plantes qui s’éteignent tous les jours, perdus à jamais. Dans ma vie j’ai rêvé de voir de grands troupeaux sauvages, des jungles, des forêts tropicales pleines d’oiseaux et de papillons. Mais aujourd’hui, je me demande si ces forêts existeront toujours pour que mes enfants puissent les voir. Vous préoccupiez-vous de ces choses lorsque vous aviez mon âge ?

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Toutes ces choses se passent devant nos yeux et pourtant vous continuez à agir comme si nous avions tout le temps et toutes les solutions. Je suis seulement un enfant et je n’ai pas toutes les solutions, mais j’aimerai que vous réalisiez que vous non plus ! Vous ne savez pas comment réparer la couche d’ozone. Vous ne savez pas comment ramener le saumon dans les eaux polluées. Vous ne savez pas comment ramener à la vie les animaux désormais éteints et vous ne pouvez pas ramener les arbres des zones qui sont maintenant des déserts. Si vous ne savez pas comment réparer tout ça, s’il vous plaît, arrêtez la casse !
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Ici, il y a des délégués des gouvernements, des businessmen, des pdg, des journalistes et des politiciens, mais réellement vous êtes pères et mères, frères et soeurs, oncles et tantes et vous avez tous été des enfants.
Je suis seulement un enfant et pourtant je sais que nous faisons tous partie d’une famille forte de 5 milliards de personnes, en fait 30 millions d’espèces et les gouvernements ne changeront jamais cela. Je ne suis qu’un enfant et pourtant je sais que le problème nous concerne tous et que nous devrions, comme un seul monde, aller vers un seul but.

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Malgré ma colère, je ne suis pas aveugle et malgré ma peur, je n’ai pas peur de changer le monde comme je le sens. Dans mon pays nous faisons tant de gaspillage, achetant et jetant, achetant et jetant et pourtant les pays du nord ne partagent pas même quand nous avons plus que suffisamment, nous avons peur de partager. Nous avons peur de perdre un petit peu de notre richesse. Au Canada, nous menons une vie privilégiée avec de la nourriture, de l’eau et un abri, nous avons des montres, des vélos, des ordinateurs et des télés.

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Il y a deux jours, ici, au Brésil, nous avons été choqués en passant du temps avec les enfants qui habitent dans la rue. Voici ce qu’un de ces enfants nous a dit : « J’aimerai être riche, et si je l’étais je donnerai à tous ces enfants de la nourriture, des vêtements, des médicaments, un abri, de l’amour et de l’affection.  » Si un enfant dans la rue qui n’a rien est partant pour partager, pourquoi, nous qui avons tout, sommes si avares ?

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Je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il est un enfant de mon âge, et que ça fait une immense différence où on naît, que je pourrais être un de ces enfants vivant dans les favelas de Rio, je pourrais être un enfant mourant de faim en Somalie ou victime de la guerre au Moyen-Orient ou un mendiant en Inde. Je suis seulement un enfant, pourtant je sais que si tout l’argent dépensé en guerres était utilisé pour trouver des réponses aux problèmes d’environnement, à en finir avec la pauvreté, quel endroit merveilleux cette Terre serait !

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A l’école, même au jarddin d’enfants, on apprend comment se comporter dans le monde, vous nous apprenez à ne pas nous battre entre nous, à travailler dur, à respecter les autres, à faire son lit, à ne pas blesser d’autres créatures, à partager sans avarice. Alors pourquoi sortez-vous et faites-vous les choses que vous nous dites de ne pas faire ? N’oubliez pas pourquoi vous assister à ces conférences, pourquoi vous le faites, nous sommes vos propres enfants.

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Vous décidez dans quel genre de monde nous allons grandir.

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Autrefois, les parents pouvaient réconforter leurs enfants en leur disant : « Tout va bien se passer, nous faisons de notre mieux et ça n’est pas la fin du monde. » Mais on ne peut plus dire cela maintenant. Notre planète va de mal en pis pour tous les enfants à venir. Pourtant nous entendons les adultes ne parler que d’intérêts locaux et de priorités nationales. Sommes-nous seulement sur votre liste de priorités ?
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Mon père disait : « Tu es ce que tu fais, pas ce que tu dis ». Ce que vous faites me fait pleurer la nuit. Vous continuez à dire que vous nous aimez mais je vous mets au défi ; s’il vous plaît, faites que vos actions reflètent vos mots.
Merci. »