Au Bénin, une dramatique crue du fleuve Niger

De graves inondations dues à une crue du Fleuve Niger au Nord du Bénin. Agnès Giannotti a envoyé deux lettres poignantes à Catherine et Bernard Desjeux, photojournalistes et adhérents des JNE.

© Agnès Gianotti

Chers amis,

De retour du village, je m’apprêtais à vous donner des nouvelles joyeuses, j’ai en effet pu voir les enfants passer leur certificat d’études, notre groupe de collégiens revenant de leur épreuves du brevet. Et surtout vous faire part de la construction du deuxième module de classe dans notre école. Mais l’urgence est là et je vous raconterai tout cela en détail dans la lettre suivante.
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En effet, pendant mon séjour au mois d’août, le niveau du fleuve Niger qui était quasiment à sec est monté en quelques jours. 10 jours plus tard, le niveau était tel que les cultures que les paysans avaient semées dans la vallée du fleuve Niger étaient totalement détruites, submergées par l’eau. Lorsque je suis partie, les villages de pêcheurs avaient déjà les pieds dans l’eau. La crue provoquée par le ruissellement des pluies en amont (Guinée, Mali, Niger) est à l’origine de cette brutale montée des eaux. Après mon départ le 18 août, le niveau a continué à monter. Mais la situation s’est encore aggravée car s’y sont rajoutées des pluies diluviennes qui ont détruit également les champs semés sur les hauteurs et fait tomber des maisons d’habitation. De telles pluies n’avaient jamais été vues dans la zone. Il y a quelques jours, 87 mm de pluies sont tombées. Au point que, pour ceux qui connaissent le village, il y avait 25 cm d’eau à la buvette, on pouvait y aller en pirogue ! Cela a provoqué la crue de la Mékrou et de l’Alibori.

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C’est donc toute la commune de Karimama (50 000 habitants) qui est sinistrée et la catastrophe dépasse celle de 1998 pour laquelle nous nous étions déjà mobilisés.

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De plus, les vautours guettent : la spéculation a immédiatement surgi face à cette catastrophe, la mesure de mil passant en quelques jours de 100 FCFA à 175 FCFA.

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Malgré les appels à l’aide de Moussa Maman Bello, maire de la Commune, les pouvoirs publiques béninois ont été très longs à réagir. 4 ministres ainsi que le chef de l’Etat béninois ont effectué il y a deux jours une tournée d’inspection sur la commune.

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Le bilan est d’ores et déjà très lourd :

– 6320 hectares de céréales sont détruites

– 1053 maisons sont tombées avec pour conséquence 7411 personnes sans abri dont 645 femmes enceintes et 1704 enfants entre 0 et 5 ans

– Les éleveurs sont touchés avec 471 animaux morts noyés

– Les pêcheurs également, outre le fait que la plupart ont leur maison juste en bordure du fleuve et sont donc parmi les plus touchés par la destruction de l’habitat, ont perdu 2007 engins de pêche et 30 pirogues emportés.

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Par chance, jusqu’à maintenant, il n’y a pas de pertes en vies humaines, et la commune voisine de Malanville, grand centre urbain, a été préservée par ses digues.

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Opération solidarité Inondations – Mobilisons-nous

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L’appui des associations et des ONG est déterminante, car elle permet de mobiliser rapidement des fonds, la solidarité institutionnelle étant toujours beaucoup plus lente à intervenir.

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Libellez vos dons à l’ordre de l’association Bani Samaï

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Envoyez-les à l’adresse suivante : Mme Agnès Giannotti 8 square de Clignancourt 75018 Paris

Amicalement à Bientôt

Agnès Giannotti

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5 septembre 2010

Chers amis,

Comme je vous l’ai expliqué dans ma dernière lettre, les inondations sont absolument catastrophiques dans la commune de Karimama au nord Bénin.
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Les dernières nouvelles sont mauvaises, en effet dans la nuit de jeudi à vendredi, la situation s’est encore aggravée, l’eau du fleuve a littéralement déferlé sur la région. Les informations évoqueraient l’ouverture des barrages au Mali en amont du fleuve ? Cette information serait à confirmer, mais expliquerait ce nouveau raz de marée. La situation est passée de dramatique à absolument catastrophique. Sur 50 000 habitants dans la commune, 8 000 sont maintenant sans abris et la situation empire chaque jour. La solidarité familiale ne parvient plus du tout à colmater les brèches. Le Dr Moussa Maman Bello, maire de Karimama, a ouvert les écoles et les postes forestiers pour héberger les personnes. Nombreux sont les habitants à aller se réfugier au Niger voisin qui souffre lui aussi de famine.

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Le gouvernement béninois a promis l’envoi de 1000 sacs de 50 kg de riz, 2000 moustiquaires et 4000 cp d’aquatabs pour la désinfection des puits. Cet envoi est en cours d’acheminement. C’est l’équipe d’URACA Bénin qui effectuera ces distributions ainsi que la désinfection des puits. L’envoi de nos fonds permettra de payer le carburant nécessaire à ces distributions qui se feront en pirogue sur toute l’étendue de la commune, de hameau en hameau afin de permettre une égale répartition de l’aide entre toutes les personnes sinistrées. La commune est très étendue, et les équipes la sillonnent quotidiennement pour venir en aide aux habitants, y compris ceux qui sont dans les coins les plus reculés. A l’heure actuelle, aucun endroit de la commune n’est épargné par cette catastrophe, chaque village quartier ou hameau est touché.

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Pour en savoir plus: le site de Catherine et Bernard Desjeux et le site Actu Bénin.