L’avenir de la Terre ?  Le football !

Le 3 juin dernier, la moitié du journal de 13 h sur France-Inter a été consacré à un événement de portée mondiale. Le réchauffement climatique ? L’emprise de Daesh au Moyen-Orient ? Une catastrophe dans un coin reculé de la planète ? Non : la démission de Sepp Blatter, président de la FIFA (Fédération internationale de football association).

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par Philippe J. Dubois

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Le football est un beau sport. Et, avouons-le, on aime bien regarder un match de la Coupe du monde, surtout, vers la phase finale. Tout autant pour son ressort dramatique, la tension qui s’exprime que pour le sport lui-même.

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Car au fond, qu’est-ce que le football ? Vingt-deux types qui courent après une balle et qui se font tout un tas d’escarmouches pour empêcher celui qui l’a au pied d’aller la mettre dans une cage ouverte tenue par un autre type avec de gros gants.

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Bon, intellectuellement ce n’est pas folichon. Ça ne bouleverse rien du point de vue du patrimoine mondial, de l’histoire de l’humanité ou des grands desseins pour l’avenir. C’est juste ça. Et ça passionne des millions de gens (surtout des mâles) et ça génère surtout des milliards et des milliards d’euros. Donc, quand la corruption s’en mêle, avec de telles sommes d’argent, ça devient un évènement mondial qui mérite bien la moitié d’un journal sur une radio publique.

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Bien. Et quel rapport avec la biodiversité direz-vous ? C’est assez simple. Le football est, avant d’être un sport, une formidable entreprise médiatique qui fait beaucoup d’argent. Qui a une empreinte carbone incroyable. Et s’il n’est pas question de convertir la FIFA et les millions d’aficionados du foot à l’écologie, on pourrait juste réfléchir à rendre ce sport un petit peu – juste un tout petit peu – plus sobre.

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Supposons que l’on consacre 10 % de moins (et peut-être seulement 5 ou 2 % !) de l’argent qui circule dans cette énorme machine économique à aider les pays en développement – ceux-là même qui produisent souvent des joueurs de grand talent – pour se prémunir des effets terrifiants du changement climatique ? Dépenser quelques millions d’euros, non pas pour acheter un joueur, mais pour aider à créer des puits en Afrique sahélienne, des agriculteurs des hauts plateaux andins à produire équitable, des populations d’Asie du Sud-Est à mieux se protéger des typhons, tornades et tsunamis.
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Et si les futurs dirigeants de la FIFA s’engageaient à apporter leur écot à la lutte contre le réchauffement climatique ? En modifiant quelques pratiques, que ce soit dans l’organisation de matchs, de coupes ou dans le recrutement des joueurs, dans les investissements nécessaires à la préparation d’une Coupe du monde (24 milliards de dollars pour le Qatar semble-t-il ?). Quel message fort ce serait ! On peut prendre les joueurs de foot et ceux qui les regardent pour des crétins, mais nous, nous disons qu’ils seraient probablement davantage sensibilisés si le discours sur l’avenir de notre planète venait de leurs idoles et leurs dirigeants.

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Notre biodiversité – c’est-à-dire notre terre nourricière – est exsangue. Les scientifiques sont unanimes pour dire que si rien n’est fait rapidement, la capacité de résilience de la planète s’effondrera, avec des effets catastrophiques sur les chaînes alimentaires. Et, au final, sur la capacité des peuples à produire de quoi se nourrir. Alors du pain et des jeux, comme on disait sous la Rome antique, oui, mais des jeux sans pain, ça risque de compliquer les choses.

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