Mais où est donc passée la linotte mélodieuse ?

Triste bilan de l’appauvrissement de l’avifaune dans le Parc Naturel Régional du Pilat depuis un demi-siècle, dressé par un ornithologue membre des JNE…

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par Yves Thonnérieux

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Linotte mélodieuse - photo @ Yves Thonnérieux
Linotte mélodieuse – photo @ Yves Thonnérieux


Le 18 juin 1971, je découvrais sur les contreforts du Parc Naturel Régional du Pilat (qui n’existait pas encore) une lande où le bruant ortolan nichait communément.
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L’an dernier, j’y étais retourné et avais noté que l’avifaune s’était considérablement clairsemée tant sur le plan qualitatif que quantitatif.
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J’ai voulu en avoir le coeur net hier matin, avec des conditions météo idéales (absence de vent, température saisonnière).

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Il se confirme que :
– sur 5 espèces nicheuses de bruants (l’ortolan donc, le jaune, le proyer, le fou, le zizi), seul le dernier est parvenu à se maintenir (3 ou 4 mâles cantonnés) ;
– la linotte mélodieuse (extrêmement commune à l’époque) a totalement disparu ;
– plus de traces non plus de la caille des blés, de la pie-grièche écorcheur, de la huppe fasciée, de la fauvette orphée, de la locustelle tachetée, du torcol fourmilier, des 2 espèces de busards gris venant chasser… et du moineau friquet au hameau proche ;
– le tarier pâtre (qu’on appelait traquet pâtre en 1971 et qui était aussi commun que la linotte) a quasiment déserté le lieu : encore 2 couples font de la résistance ;
– autres espèces bien représentées en 1971 : le pipit des arbres, les alouettes des champs et lulu, la tourterelle des bois : des couples à l’unité aujourd’hui ;
– le coucou est encore là, mais c’est à se demander ce qu’il parvient à parasiter (accenteur mouchet ?) ;
– l’espèce dominante de la lande est désormais la fauvette grisette (elle était déjà commune il y a 44 ans en arrière) ;
– le rossignol philomèle paraît tirer son épingle du jeu dans les parties buissonnantes et boisées périphériques ;
– l’hypolaïs polyglotte (3 à 4 mâles cantonnés) semble avoir progressé, mais pas autant que le pigeon ramier.

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Un balayage aux jumelles de tout le site depuis le point élevé dominant cette lande en pente révèle qu’à part les fauvettes grisettes, les passereaux sont d’une extrême rareté sur les perchoirs où ils se posaient jadis : piquets, barbelés, sommets de buissons, arbustes morts…. Je rappelle ici que mes observations d’hier matin se déroulèrent sans vent, ce qui aurait dû inciter les passereaux à se percher…

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Je vous donne rendez-vous dans 44 ans (j’aurai alors 104 ans) pour vous annoncer qu’il n’y a plus aucune fauvette grisette… Le pire, c’est que je le pense vraiment (pas à mes 104 ans mais à la disparition des grisettes, d’ailleurs bien avant 2059) !

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