La stratégie de gestion des zones humides en Algérie

Des ateliers seront organisés pour la société civile et les ONG.

 

par M’hamed Rebah

 

La Direction générale des forêts (DGF) sollicite la participation de la société civile et des associations dans le cadre de sa stratégie nationale multisectorielle pour la préservation des zones humides en Algérie. Des ateliers seront organisés prochainement avec la communauté scientifique, la société civile et les différents secteurs concernés pour vulgariser cette stratégie, a indiqué Ghania Bessah, sous-directrice chargée de la protection des aires protégées à la DGF, citée par l’APS (Algérie Presse Service).

 

« L’objectif final de cette stratégie est d’arriver à un schéma de gouvernance de ces zones humides où tous les secteurs seront représentés, y compris les unités industrielles », a-t-elle souligné le 2 février à Reghaïa, à l’occasion de la cérémonie de célébration de la journée mondiale des zones humides qui s’est déroulée dans le Lac de Reghaïa, en présence du secrétaire général du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, Fodhil Ferroukhi, et du directeur général des Forêts, Mohamed Seghir Noual. Selon la DGF, la stratégie actuellement « en cours d’élaboration » vise, au même titre que d’autres activités prévues, la sensibilisation sur les différentes menaces qui pèsent sur les zones humides et qui sont souvent causées par les diverses activités humaines, nécessitant de construire « une réflexion ensemble pour les préserver afin d’assurer notre avenir ».

 
logo-medwetL’initiative de la DGF d’associer les associations écologiques à la stratégie de préservation des zones humides rejoint le projet en cours de lancement du Réseau MedWet de la société civile en Algérie, au Maroc et en Tunisie. Ce projet concerne le renforcement des capacités des organisations de la société civile qui œuvrent dans le domaine de l’environnement, et a pour objectif d’asseoir une collaboration entre les institutions administratives et ces organisations de la société civile autour de la préservation des zones humides.

 
Cette démarche participative est devenue une urgence pour faire face plus efficacement à la dégradation des zones humides et au risque de leur disparition si rien n’est entrepris sérieusement pour leur préservation. Le Lac de Reghaïa, qui se trouve pourtant dans la banlieue de la capitale et qui bénéficie donc, grâce à sa proximité des centres de décision, de toute l’attention des autorités, n’a pas échappé aux menaces de dégradation. Le constat en a été fait une nouvelle fois par le secrétaire général du ministère de l’Agriculture et du Développement rural: « le Lac de Réghaïa subit actuellement une forte pression due à l’extension urbaine et aux unités industrielles implantées autour de cette zone humide ». Il juge que « la situation ne doit pas continuer comme ça. Des dispositions doivent être prises pour que la règlementation soit appliquée rigoureusement ». En fait, les dispositions ont été prises puisque lui-même annonce, selon l’APS, que la wilaya d’Alger a établi un diagnostic et adressé récemment des mises en demeure aux unités industrielles responsables de la pollution du lac de Réghaïa. Les usines polluantes, dont une cinquantaine déversent leurs rejets directement dans le lac, doivent réaliser des stations d’épuration. Il reste à faire appliquer ces dispositions, répétées, force est de le rappeler, à chaque 2 février. Depuis que la zone industrielle de Rouiba-Reghaïa existe, il y a toujours eu des rejets d’eaux polluées, chargées de produits chimiques toxiques, dans le lac via deux cours d’eau.

 
Il faut savoir que le Lac de Reghaïa est inscrit sur la Liste de Ramsar depuis juin 2003. Il doit cette distinction à ses caractéristiques écologiques qui en font le lieu de fréquentation de milliers d’oiseaux d’eau avec en moyenne annuelle 47 espèces locales et migratrices, selon les statistiques du Centre cynégétique qui se trouve dans le site du lac. Cinq écosystèmes différents y cohabitent: marin, marécageux, dunaire, lacustre et forestier. Sa faune est constituée de 206 espèces d’oiseaux (flamant rose, canard souchet, col vert, bécassine,…), de 21 espèces de mammifères (chacal, genette, sanglier, renard famélique, etc.), de 12 espèces de poissons, de 170 espèces d’invertébrés (insectes, arachnides…) et de 71 espèces de reptiles et d’amphibiens. Sa richesse floristique est composée de 233 espèces de plantes inventoriées et de 25 espèces de flore marine. Cet espace exceptionnel, tout près de la capitale, mérite un minimum d’égards. En chiffre, ce minimum doit se traduire, pour la zone industrielle voisine, par « zéro mètre cube d’eaux usées non épurées » à la sortie des usines.

 

Cet article a été publié dans le quotidien algérien Reporters.