Un débat sur le vélotourisme ? Non, il n’y en a pas eu !

Marc Giraud participait au débat organisé le 6 mars 2014 par l’Association des journalistes du tourisme (AJT) sur le thème « Connaissance et avenir du vélotourisme et des voies vertes » (lire ici le compte-rendu de Roger Cans). Voici sa réaction, qui n’engage bien sûr que lui-même ! 

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par Marc Giraud

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Être seul contre tous ne me dérange pas. En venant participer à un débat avec les professionnels du tourisme pour défendre le point de vue de la nature, je m’attendais à des divergences bien sûr, mais aussi à des arguments, bref, à un dialogue sur ces voies dites « vertes », dont je conteste – comme beaucoup d’autres – l’appellation.

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« Vert », ça voudrait dire « verdir ce qui ne l’est pas », comme les villes et les banlieues, là où sont les gens qui en ont le plus besoin. Or, ces longues et laides bandes d’asphalte sont installées à grands frais dans des zones encore vertes et belles, où l’on arrache des haies, où l’on casse le charme que l’on prétend mettre en valeur.

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Bref, on urbanise nos terroirs au nom de la verdure, on incite à y venir des gens qui n’en auraient pas eu le désir ni peut-être même l’idée sans toutes ces installations « rassurantes » (infantilisantes ?). Et plus on incite à la fréquentation, plus on est obligés de construire de nouvelles structures (toilettes, restauration, étapes, points d’information, réparations des pneus, etc.), qui elles-mêmes incitent à la surfréquentation.

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Mais jusqu’à quand ? N’y a-t-il aucune limite, aucun endroit où l’on aurait droit au calme, au sauvage, à l’authentique, voire à l’inaccessible ? L’esthétique, notre patrimoine naturel, et les animaux qui en font partie, ont-il donc si peu de valeur aux yeux de ces professionnels de l’exploitation touristique, qui n’ont parlé que pognon et structures pendant tous leurs exposés ?

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Il faut croire que les exemples des plages méditerranéennes ou du Mont-Blanc, fréquentés jusqu’à la saturation, n’ont pas suffi.

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C’est le genre de langage que je leur ai tenu, et – croyez-le ou non – ça n’a pas vraiment plu. Mais au lieu d’une argumentation intéressante et d’un minimum d’ouverture, je n’ai eu droit qu’à un silence glacial, limite agacé, voire franchement hostile. Assez désagréable. Sans compter les quelques outrances d’usage sur « les adorateurs des animaux » ou les « extrémistes ». Aïe aïe aïe, le petit niveau… En tout cas pas de débat, même pas de la part d’un seul des journalistes du tourisme présents en nombre dans cette jolie salle. Pourtant, je croyais qu’un journaliste, ça savait écouter des points de vue différents, faire la part des choses, que c’était curieux. Bein non. Pas tous. Ça ne m’empêchera pas d’aimer le vélo, mais loin de leur barnum.

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