Les apprentis sorciers du climat – raisons et déraisons de la géo-ingénierie

Sorciers
Si la géo-ingénierie est un sujet encore peu abordé, nous risquons hélas d’en entendre de plus en plus parler. En effet, vu que toutes les négociations sur le climat se sont enlisées depuis le sommet de Copenhague (2009) et que le plan A qui vise à réduire les émissions des gaz à effet de serre semble être un échec, les décideurs politiques pourraient opter dans un futur assez proche pour un des plans B proposés par la géo-ingénierie. De quoi s’agit-il ? Et bien, rien de moins que manipuler le climat pour  refroidir la terre et contrecarrer ainsi les effets du réchauffement climatique. Comment ? Par exemple, en pulvérisant de l’acide sulfurique dans la stratosphère qui se transformerait en particules de sulfate. Ce n’est pas de la science fiction. Cela marcherait, puisque c’est ce qui se passe après de grandes éruptions. Celle du Pinatubo a fait baisser de 0,5 ° la température moyenne de la planète durant deux ans ! D’autres technologies visent à extraire le dioxyde de carbone de l’atmosphère et à le stocker quelque part de manière permanente.

Clive Hamilton, économiste et philosophe australien, expose une bonne demi-douzaine de projets qui lui semblent viables. Il n’en est pas pour autant partisan bien au contraire. Leurs effets à plus ou moins long terme ne sont pas étudiés et, lorsque des fonds privés soutiennent la recherche, il y a de bonnes raisons de s’inquiéter, souligne l’auteur. Le nom de Bill Gates et bien d’autres rois de la finance, apparaissent dans de nombreux brevets de technologie de géo-ingénierie. La Chine, la Russie, l’Allemagne et les Etats-Unis sont les principaux pays à soutenir ce type de recherches. Mais, outre le fait que ces techniques font froid dans le dos, elles soulèvent aussi bien d’autres questions dont une qui semble primordiale : qui aura le pouvoir de contrôler le thermostat et avec quelles conséquences ? Mais, pour l’auteur, à l’heure actuelle, l’une des plus grandes préoccupations liée à la géo-ingénierie, c’est qu’elle va forcément nuire aux mesures d’encouragement visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre en suscitant l’idée que la technologie va tout arranger!


Éditions du Seuil, collection Anthropocène, 342 pages, 19,50 € – www.seuil.com
Contact presse  : Séverine Roscot – sroscot@leseuil.co
(Danièle Boone)