Les médias, acteurs de l’Education à l’environnement


par Eric Samson

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Le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) s’est récemment posé la question du « rôle des médias en éducation à l’environnement ». Par extension, il convient de se poser d’autres questions : « Quelle place les médias donnent-ils à l’éducation à l’environnement ? » ou encore « quelle place les médias ont-ils en éducation à l’environnement ? ». La presse régionale, en lien avec des évènements locaux, semble traiter de manière plus spontanée de cette thématique. L’analyse des problématiques liées à l’environnement est plutôt dévolue à la presse nationale, voire à la presse spécialisée dans le domaine. Pour autant, comment les sujets d’éducation à l’environnement sont-ils traités ?

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Notre association, qui rassemble des journalistes pionniers engagés sur les questions environnementales, est un vivier de connaissances et de compétences que nous nous efforçons de valoriser.
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Avant d’être des journalistes, nous sommes des êtres vivants sur cette planète et des citoyens engagés dans la vie de la Cité. A ce titre, nous sommes concernés autant dans notre chair que dans notre conscience, par toutes les questions environnementales. Qui n’est pas interpellé par cette « Airpocalypse » chinoise médiatisée récemment ? Chaque citoyen est-il réellement et suffisamment informé pour se forger sa propre opinion ? Rappelons-nous Fukushima et de la difficulté de croiser les sources d’information pour approcher au plus près de la vérité.

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Nul besoin d’être membre d’un organisme militant pour constater que nos actes quotidiens ont un impact sur la planète, sur tous les êtres vivants qui la composent et dont nous ne sommes que les locataires.
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Notre logique cartésienne nous dicte de protéger la planète pour le bien des générations futures. La Terre est une matrice qui porte en elle notre vie, tout comme celle du lys martagon ou de l’odonate. N’est-ce pas en soi une raison suffisante pour en prendre soin ? Nous usons de l’énergie, buvons l’eau des nappes phréatiques, grimpons les montagnes que nous aimons, jouons dans des forêts de chênes centenaires qui ont vu défiler des générations sous leur ombre.
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User/abuser, comment comprendre les limites, les conséquences, les enjeux ? Comment donner du sens à nos actes ? L’éducation à l’environnement, la sensibilisation, l’information prennent ici toute leur place.

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Médias et journalistes, spécialisés ou non, nous devons assumer le rôle qui est le nôtre : informer de manière indépendante de tout lobby, pour que tout citoyen possède des éléments de compréhension et puisse faire des choix conscients.

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Lorsque l’on parle Education à l’Environnement, on pense automatiquement au monde de l’enfance. Pourtant, les adultes sont aussi concernés. L’éducation à l’environnement, c’est transmettre un amour de la vie pour mieux la respecter et comprendre que tous avons une place qu’il nous faut partager avec d’autres espèces vivantes.

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Eduquer, former, sensibiliser, informer, sans prosélytisme ni jugement. Dans ce processus d’accompagnement, les médias sont essentiels. Alors quand certains se suppriment une rubrique environnement, rechignent à parler de ce viticulteur accusé de ne pas avoir accepté de polluer, ou se disent que l’environnement est une « mode », une « tendance », et que d’avoir un journaliste spécialisé dans sa rédaction ne serait pas rentable, il faut résister et opposer un non catégorique !

 

.A chaque édition des Assises nationales de l’éducation à l’environnement, la place des « médias en éducation à l’environnement » est abordée. Sans doute est-ce pour toutes ces raisons que le 26 novembre 2013, Antoine Dulin et Allain Bougrain Dubourg (JNE), les deux rapporteurs de l’avis sur l’EEDD du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE), ont mis en avant l’importance que les médias pouvaient avoir dans la sensibilisation des populations. L’éducation à l’environnement n’est en rien réservée à quelques élites, écologistes convaincus, ou experts de l’éducation. L’éducation à l’environnement est affaire de tous. Philippe Martin, ministre de l’Ecologie, disait au Palais d’Iéna : « L’éducation à l’environnement et au développement durable doit être sérieusement considérée comme une condition de notre survie. ». Ok, bien reçu. On fait quoi maintenant ? On agit ? Le ministre de l’Ecologie disait encore : « l’objectif que nous nous sommes fixés est de tripler, en trois ans, le nombre de projets d’établissement (en EEDD) ». Combien de journalistes, d’analystes politiques suivront ce dossier et en évalueront la réelle mise en œuvre et les moyens qui y auront été associés ?

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Bien sûr, certains journalistes œuvrent pour sensibiliser à l’environnement : livres, guides, films, bandes dessinées, presse jeunesse ou adulte, nous sommes présents. Soyons-le davantage encore. Quand le CESE préconise « une réflexion sur le rôle des médias », là aussi soyons présents. Nous devons être une aide à la compréhension, donner à voir, à entendre et à comprendre au citoyen. Car un citoyen informé et maître de ses choix est un citoyen libre.

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Membre du Conseil d’Administration des JNE, Eric Samson est coordinateur de réseau régional d’éducation à l’environnement… et citoyen engagé. Cet édito n’engage que son auteur.