Hommage à François Terrasson au Moulin de Rossigneux


La présentation de François Terrasson, penseur radical de la Nature,  l’essai biographique de Jean-Claude Génot (JNE), qui vient de sortir aux Éditions Hesse, a eu lieu le samedi 28 septembre 2013 au Moulin de Rossigneux à Saint-Bonnet-Tronçais (Allier). « Ce ne pouvait être ailleurs », était-il écrit sur le carton d’invitation.


par Danièle Boone

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Le moulin de Rossigneux © D. Boone

Les amis de François qui ont eu la chance d’y participer se souviennent des Beuveries apicoles organisées au Moulin de Rossigneux, paradis de la ronce et de la nature libre. Tous ces anciens compagnons, chercheurs, naturalistes mais aussi des paysans du coin, ont été nombreux à avoir répondu à l’invitation de Marie-Claude Terrasson ce samedi 28 septembre. Et puis nous étions quelques-uns à découvrir ce repaire où François aimait venir respirer son cher bocage bourbonnais et sa précieuse forêt de Tronçais.


Nous étions plusieurs membres des JNE à être présents, Alain Bué, Roland de Miller, Christian Weiss et moi-même. C’est que François a été membre de la première heure de notre association et il est resté parmi nous jusqu’à sa disparition, le 2 janvier 2006. Il est d’ailleurs l’un des deux parrains de Jean-Claude Génot.

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Jean-Claude Génot © D. Boone


« La lecture de La peur de la nature (1988) a été une révélation pour le jeune écologue que j’étais, se souvient Jean-Claude Génot, chargé de mission pour la protection de la nature au parc naturel régional des Vosges du Nord. Dès que j’ai pu, je suis allé à une conférence de François Terrasson, et puis, je l’ai rencontré. J’ai fait son fameux stage d’abandon nocturne. Il laissait chaque personne seule au milieu de la forêt, sans lumière. Cette nuit initiatique était suivie, le lendemain matin, d’une discussion sur le ressenti des participants. Nous nous sommes vus ensuite à plusieurs reprises pour des discussions passionnées. Le fait de l’avoir connu sans faire partie de ses proches m’a semblé être un bon atout pour écrire un livre sur François. »




Alors, Jean-Claude Génot a rencontré ces proches. Il les cite tous dans son livre, tout en les remerciant pour leur aide. « François aurait détesté qu’on écrive un livre sur lui. Il parlait si peu de lui. Alors je n’ai pas fait une biographie mais un essai biographique. Je m’attache surtout à sa pensée. J’ai lu et relu tous ses livres, ses articles, ses notes et je me suis régalé. L’écriture est d’une telle subtilité. J’ai relu aussi ce qui s’écrivait par ailleurs (Robert Hainard, Bernard Charbonneau,etc.) afin de pouvoir le situer. Son indépendance, sa liberté, sa pertinence, en font un penseur vraiment à part. On voit aujourd’hui à quel point, il avait vu juste dès les années 1960-1970. »


Jean-Claude Génot a travaillé pendant deux ans et demi et puis, à la suite d’un désaccord avec l’éditeur pressenti, le projet stagne jusqu’à ce que Jacques Hesse accepte de le reprendre. Avec son exigence habituelle, Jacques propose à Jean-Claude Génot d’en retravailler la structure et le texte, ce dont l’auteur se félicite. La gestation de l’ouvrage a finalement duré quatre ans.

Jacques Vigneron et Marie-Claude Terrasson © Danièle Boone
Jacques Vigneron et Marie-Claude Terrasson
© D. Boone


Après la présentation de son travail, Jean-Claude Génot a passé la parole à Jacques Vigneron, ex directeur du premier département environnement dans une université. Il a parlé de ses discussions parfois houleuses avec François, qui n’était pas souvent d’accord avec l’institution ! Ensuite quelques personnes ont témoigné, comme Christian Delage, un acteur local de la protection de la nature. Il a rappelé que François était toujours prêt à faire des conférences et qu’elles étaient toujours très suivies.

Jacques Salomon © D. Boone
Jacques Salomon © D. Boone


Marie-Claude Terrasson a demandé ensuite à Marc Salomon de parler du « système de directions aléatoires ». Enseignant et chercheur à l’université de Paris VI, il s’est lié d’amitié avec François dans les années 1980. De 1994 à 2003, ils ont voyagé à pied en Beauce, selon ce concept inventé par Marc. Dans le même temps, François Terrasson mettait au point son « pilotage inconscient ». Il s’agissait également de se laisser guider par son instinct. « François avait une mémoire fabuleuse, rappelle Marc. Il ne prenait aucune note pendant le voyage, mais seulement lorsque nous nous retrouvions dans le train. Dans l’instant, il avait besoin de se concentrer sur la perception. Il se souvenait absolument de tout. »

Rolland de Miller © D. Boone
Roland de Miller © D. Boone


Enfin, Roland de Miller, qui a ouvert sa fabuleuse bibliothèque sur l’environnement et la nature à Jean-Claude Génot, s’est souvenu du temps où il était documentaliste au Muséum d’Histoire Naturelle. «C’est là, dit-il, que ma passion est née.» Il travaillait notamment pour François et le côtoyait donc presque quotidiennement.


Pendant tous ces discours, un Petit Sylvain, un joli papillon noir et blanc, voletait entre nous dans l’indifférence des participants. Il me semblait que c’était là, un clin d’œil de François : la nature n’est jamais autant elle-même que lorsqu’elle est ignorée des humains !


Cette belle après-midi épargnée par l’orage qui menaçait s’est terminée par quelques agapes, dont la fameuse tourte aux pommes de terre. Tous ceux qui ont participé aux beuveries apicoles l’ont dégusté aussi religieusement que la madeleine de Proust !


Terrasson


François Terrasson, penseur radical de la Nature
par Jean-Claude Génot, éditions Hesse, 240 pages, 18 €
www.editionshesse.com


Contact presse: Jacques Hesse. Tél : 02 54 20 58 80
Mail : editionshesse@gmail.com

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