Le décès d’Alain Dupré, grand défenseur des tortues

Notre ami Jacques Fretey, grand spécialiste des tortues marines qui habite aujourd’hui dans une ferme du Lot, nous a appris une nouvelle consternante : la mort brutale d’Alain Dupré le 4 juillet 2013.

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par Roger Cans

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Alain Dupré – photo Chélonée

 

Victime d’une profonde dépression, Alain Dupré s’est jeté sous un RER. Il était secrétaire général de l’association Chélonée et, à ce titre, animait des conférences au Club océanographique de la Mairie de Paris. Il assurait sur internet la veille concernant les tortues marines.

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Alain Dupré avait commencé son parcours professionnel comme pilote de course. C’est donc en autodidacte qu’il est entré dans le milieu naturaliste. Très vite, il se passionne pour les tortues et devient vice-président de la SOPTOM, l’association du Village des Tortues de Gonfaron (Var) qui assure la protection des tortues d’Hermann. Avide de lectures scientifiques, il devient relecteur de la revue de l’association appelée La Tortue, puis responsable de la Commission de protection de la Société herpétologique de France.

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Sa passion pour les tortues le pousse à arpenter le globe pour les observer in situ. C’est à l’occasion d’un voyage de la SOPTOM en Guyane qu’il fait la connaissance de Jacques Fretey, alors basé à Kalimapo pour une campagne Kawana en faveur de la tortue-luth, conduite par le WWF. Il découvre donc la plus grosse des tortues marines, qui vient pondre dans le sable des plages guyanaises et sillonne l’Océan atlantique à la recherche des méduses dont elle se nourrit. Il devient documentaliste de Jacques Fretey, au service du WWF, puis secrétaire général de l’association Chélonée (tortue en grec), qui se consacre à la protection des tortues du monde entier.

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En 1996, en association avec Bernard Devaux et Franck Bonin, il publie un guide des espèces contemporaines de chéloniens appelé Toutes les tortues du monde, édité par Delachaux & Niestlé, avec le parrainage du WWF, une introduction de Jacques Fretey, une préface de Roger Bour et des illustrations de Marc Giraud. Une première dans l’édition francophone.

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En 2011, lors de vacances sur l’île Rodrigues (Océan indien) avec Thierry Fretey, le neveu de Jacques, il apprend par les îliens que les tortues marines ne viennent plus pondre parce que les arbres appelés filaos ont envahi l’arrière des plages. Il en discute avec Aurèle Anquetil et Arnaud Meunier, qui travaillent sur la réserve François Leguat. Il y retourne l’année suivante pour étudier la question, monter une photothèque avec la collaboration des plongeurs et créer l’association CARET (Comité d’action rodriguais d’études et de protection des tortues marines). Pour Chélonée, qui a de grands projets pour l’île de Gorée, au Sénégal, la disparition d’Alain Dupré est une perte terrible.

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A lire aussi, l’hommage de Marc Giraud à Alain Dupré.

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