Rio+20 : la région, au cœur des négociations du Sommet de la Terre

Du 18 au 22 juin, le Nord-Pas-de-Calais apportait sa contribution au troisième sommet de développement durable depuis 1992.

 

par Anne Henry-Castelbou

 

Christo Ecologico - photo Anne Henry-Castelbou

 

Arrivée dès lundi 18 juin matin, trois des quatre représentants officiels de la Région – Myriam Cau, Vice-Présidente du Conseil Régional et Présidente du Cerdd (Centre Ressource du Développement Durable), Emmanuel Cau, Vice-président du Conseil Régional, et Jacques Parent, Maire de Merville – étaient attendus par la Ministre de l’Environnement (NDLR : de l’époque…) Nicole Bricq avec d’autres responsables politiques français en entretien privé.

 

Il s’agissait de nourrir la Ministre de propositions, afin de l’aider dans sa négociation avec le Brésil, le Canada, les États-Unis, la Chine, soient les grands pays négociateurs sur les 136 présents. Une manière de montrer que l’État français était à l’écoute des suggestions de la société civile. Car la négociation a été difficile, avec d’un côté la France, l’Europe, les États Insulaires, qui prônaient entre autres une gouvernance mondiale de l’environnement (OME) et un renforcement de la protection des océans. Et ce face aux autres grandes puissances mondiales qui ne veulent pas entendre parler d’OME. Sans parler de la notion d’économie verte, mise de côté dès le début des négociations.

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« Le Brésil centralise les négociations et est en train de faire effondrer le niveau d’ambition du texte final. Nous devons faire monter la pression politique »,  expliquait Nicole Bricq lundi midi. L’Église n’était pas en reste non plus, avec une déclaration de l’Observatoire Permanent du Saint-Siège à l’ONU, réclamant auprès des négociateurs notamment « une définition d’un nouveau modèle de développement enraciné dans la dignité humaine ».

 

Présence des Indiens

Sommet des Peuples - photo Anne Henry-Castelbou

 

Par la suite, toute la semaine, la délégation des 26 personnes de la région (collectivités, entreprises, chercheurs, associations …) ont participé aux conférences d’experts, apporté eux-mêmes leurs contributions lors de table-rondes autour de thèmes comme « Villes durables : vers de nouveaux modèles économiques d’entreprises et de territoires ? » ou « Territoires en transition écologique et sociale vers un autre mode de développement ». Et bien sûr, ils sont allés sentir le poumon de cette manifestation mondiale, à savoir le Sommet des Peuples. Dans un parc situé à 2 heures du Sommet officiel, beaucoup de pays étaient représentés, allant de la France (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement, Secours Catholique …) à Taïwan, la Bolivie … en passant par les Indiens brésiliens en tenue traditionnelle. Une ambiance digne de la Fête de l’Humanité qui contrastait avec le sérieux du Sommet officiel, façon Villepinte. Cela n’a pas empêché certaines passerelles, les Indiens venant au Sommet officiel tandis que les gens de l’ONU se déplaçaient au Sommet des Peuples. La Région s’est en tout cas mobilisée toute la semaine pour porter une voix optimiste dans cette phase de transition, nécessaire vers un autre mode de développement.

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 « On ne devrait pas attendre dix ans pour organiser le prochain Sommet de la Terre. »

Myriam Cau- photo Anne Henry-Castelbou

 

Tel est le message de Myriam Cau, qui a mené la délégation Nord-Pas-de-Calais à Rio. Depuis deux ans, elle est présidente du CERDD et le Sommet de Rio est le point d’orgue de son mandat, qui s’achève en juillet 2012. C’est l’État qui reprendra la présidence en la personne du SGAR, Secrétaire Général des Affaires Régionales, Laurent Hottiaux. La préparation du Sommet a été de longue haleine, « mais s’inscrit complètement dans la préparation par ailleurs du Schéma Régional d’aménagement et de Développement du Territoire du Conseil Régional. Cette année préparatoire du Sommet nous a permis d’avoir une vision plus large et de ne pas s’engluer dans des aspects techniques.» Myriam Cau est restée fortement mobilisée durant cette semaine à Rio : « On ne devrait pas attendre dix ans pour organiser le prochain Sommet de la Terre. Les choses sont en train de s’accélérer, que ce soit le nombre de réfugiés environnementaux, les changements climatiques, l’atteinte à la biodiversité … On sent notre Ministre de l’Environnement Mme Nicole Bricq volontaire sur ce sujet. C’est à elle de faire comprendre au Chef d’Etat que raisonner en terme de croissance, c’est tendre vers un nouveau modèle économique. » Ne faudrait-il pas alors que le prochain Sommet soit réalisé à l’initiative d’un pays européen pour faire accélérer les choses ? « Pourquoi pas ! Encore faut-il que nos chefs d’Etat en soient convaincus ! »

 

Cet article a été publié dans la Croix du Nord, et reproduit sur le site des JNE avec son accord.