Congrès JNE 2019 : à la découverte de l’histoire géologique des Pyrénées

Pour la journée du samedi 18 mai du Congrès des JNE, trois groupes se répartissaient différentes activités. Notre groupe s’est trouvé embarqué dans une extraordinaire histoire : celle de la genèse des Pyrénées.

par Marie Joséphine Grojean

L’histoire géologique de la Cerdagne, qui remonte à plus de 10 millions d’années, et qui se poursuit, puisque les Pyrénées continuent de se soulever de 3 millimètres par an, nous l’avons perçue in situ grâce à Isabelle, notre accompagnatrice géologue, qui nous l’a détaillée au bord de l’abîme d’un village perché. Se découvrait là un vaste espace ceint de sommets enneigés à 2900 mètres, une sorte de plaine piquée de bourgades soit espagnoles, soit françaises.

Assis dans l’herbe, emmitouflés dans nos anoraks, sous un soleil timide, nous regardions le paysage, et surtout nous écoutions Isabelle. Cette remarquable pédagogue a réussi à nous fasciner pendant deux heures, jusqu’à à nous faire oublier la randonnée prévue dans les gorges du Sègre. Elle nous interrogeait sans cesse; sur la nature des roches : « métamorphiques, oui; mais encore ? » « Granit, gneiss, micaschiste…» « oui». Nous allions inspecter, puis toucher les roches, revenions nous asseoir.

Elle enchaîna avec l’histoire de la faille, sa signification, ses conséquences : nous avons tous été caresser une face de cette faille fondamentale, puisqu’elle est la colonne vertébrale de tout le massif pyrénéen; qu’elle est à l’origine des sources chaudes et sulfureuses présentes dans toute la région – le suffixe Bains étant accolé aux noms de nombreuses stations thermales de la vallée, Vernet, Amélie, etc. Cette faille explique aussi la formation spécifique de cette topographie remarquable.

Les questions d’Isabelle pleuvaient ; les réponses fusaient, souvent justes – il y a plein de gens savants chez les JNE ! La randonnée dans les gorges était oubliée, nous randonnions dans les temps géologiques, assis dans l’herbe, attentifs comme dans une master classe nature, scrutant ce paysage plat si haut perché. « Non, non, ce que vous avez devant vous n’est pas une plaine d’altitude, non, ce n’est pas… C’est, c’est ? » On ne trouvait pas ce que c’était. Finalement, elle donna la réponse : « c’est un plateau perché d’effondrement… Une formation très spécifique, très exceptionnelle. On trouve des paysages comme celui-ci au Tibet, mais beaucoup plus haut… » Il y eut une pause; un café fut servi par deux accompagnateurs qui avaient apporté des thermos et qui, comme nous tous, prenaient des notes. On a bu en silence, fascinés par cet extraordinaire plateau d’altitude plein de soleil et entouré de sommets enneigés. Puis nous avons redescendu les pentes à pic de ces villages qui pratiquaient autrefois la contrebande, et qui aujourd’hui sont habités en saison par des gens de Perpignan, Barcelone, ou de l’Ariège toute proche, mais où il pleut beaucoup.