Greenpeace France, une histoire d’engagements par David Eloy. Préface d’Edwy Plenel

Au printemps 1977, Rémi Parmentier (18 ans), un militant des Amis de la Terre rétif à l’engagement de cette association dans la campagne des élections municipales, et Katia Kanas (15 ans), qui fréquente une école alternative installée dans la même usine désaffectée du XIIIe arrondissement de Paris que l’ONG, décident de créer une association intitulée Greenpeace La Paix Verte. Leur objectif principal : défendre les cétacés et poursuivre le travail engagé par le « Projet Jonas », lancé au sein des Amis de la Terre par Nicolas Desplats et Georges Dewez. Comment cette petite structure est-elle devenue en 30 ans l’une des principales ONG françaises, adossée à un puissant réseau international ? Le journaliste David Eloy, cofondateur de la revue et du site « Altermondes », répond à cette question dans ce livre bien documenté (même si Paul Sigogneau y est à tort présenté comme l’un des fondateurs de « la Gueule Ouverte » et le local de la rue de la Bûcherie cité faussement comme ayant été le siège de la campagne présidentielle de Brice Lalonde en 1981). Cet ouvrage a aussi le mérite d’être superbement illustré avec des photos « historiques » des campagnes de Greenpeace, pour la défense des baleines bien sûr, mais aussi contre les déchets radioactifs et chimiques ou encore la défense de l’Antarctique. 

David Eloy consacre de nombreuses pages au drame du Rainbow Warrior en 1985, lorsque la pose d’une bombe par des agents secrets français sur un bateau de Greenpeace dans un port de Nouvelle-Zélande cause la mort d’un photographe, Fernando Pereira. La responsabilité de l’État français est établie par une équipe de journalistes du « Monde » conduite par Edwy Plenel, qui signe la préface du livre. Si cette affaire booste la popularité de l’ONG au niveau mondial, elle entraîne une crise durable au sein de Greenpeace France, qui couvait déjà avant l’attentat, d’où des soupçons de déstabilisation que l’auteur n’élude nullement, donnant la parole aux différents protagonistes. 

Après cette période difficile de la fin des années 1980, Greenpeace France finit par refaire surface, avec les mêmes thèmes de campagne (plus le réchauffement climatique et les OGM qui émergent dans le débat public au cours des années 90) mais une organisation bien plus structurée. Au fil des pages, David Eloy dresse des portraits hauts en couleurs des personnalités qui se sont succédées au sein de l’association : François Breteau, Philippe Lequenne, Pénélope Komitès, Bruno Rebelle, Yannick Jadot, Pascal Husting, Jean-François Julliard, etc. Jean-Luc Thierry et Yannick Rousselot, les infatigables « campaigners » anti-nucléaires, ne sont pas oubliés, pas plus que les pionniers de la première heure comme Pierre Gleizes (dont de nombreuses photos figurent dans le livre), Jean-Marc Pias, Louise Trussell, Thierry Maous ou Jacky Bonnemains (parti pour fonder Robin des Bois). Et, last but not least, Katia Kanas (aujourd’hui membre des JNE) et Rémi Parmentier, qui, 30 ans après, même s’ils n’ont plus de responsabilités au sein de Greenpeace, sont toujours « sur le pont » des combats pour l’écologie !


Éditions les Liens qui libèrent, 288 pages , 22.00 € – www.editionslesliensquiliberent.fr
Contact presse : Anne Vaudoyer. Tél.: 06 63 04 00 62 – anne@anneetarnaud.com
(Laurent Samuel)