Ne plus se mentir par Jean-Marc Gancille

Le sous-titre nous donne une bonne idée générale de ce livre, « petit exercice de lucidité par temps d’effondrement écologique ». L’auteur nous présente une synthèse dense de toutes les analyses, même les plus récentes, qui portent sur l’état très délabré de la planète et l’absence de volonté socio-politique d’y remédier. Jean-Marc Gancille témoigne de son inquiétude profonde que nous nous devons de partager, tous les indicateurs sont au rouge. Pour ne pas y penser, nous faisons preuve de dissonance cognitive, d’une pensée clairvoyante mais d’un comportement qui va dans le mauvais sens. Nicolas Hulot en quittant le gouvernement a décidé de ne plus se mentir, mais l’humanité continue, elle, à se raconter des histoires. On ne peut plus croire qu’un petit groupe d’individus conscients et engagés puisse changer une société bloquée dans son croissancisme. On ne peut pas compter sur des gouvernements qui donnent blanc-seing à de grands projets climatocides, qui sont hostiles à une fiscalité écologique, quand ce n’est pas simplement adeptes du renoncement. Même les ONG environnementalistes baissent leur niveau d’exigence, ce qui entame leur crédibilité. 

Tout cela est démontré avec force exemples et références, avec des phrases qui percutent : « Et pendant ce temps-là, l’habitabilité de la Terre se dégrade, le vivant s’effondre, le mur s’avance. » (…) « Rien n’arrête le progrès, dit-on. Même lorsqu’il devient suicidaire. » Alors que faire quand aucune conversion généralisée de nos modes de vie, aucun nouveau récit porteur, aucune innovation technologique ne pourra contrarier les lois immuables de la biophysique dans le bref temps qu’il nous reste ?

Face à l’inéluctabilité de la catastrophe, Jean-Marc Gancille envisage une impitoyable sélection naturelle qui laissera des milliards d’humains et de non-humains sur le carreau. Mais il voudrait aussi que soit aussi inéluctable une véritable « guerre civique », sabotages, hacking, libérations animale, destructions matérielles, genre « Deep Green Resistance ». Un livre à lire en retenant son souffle, 98 pages écrites en petits caractères pour 10 euros.


Éditions « rue de l’échiquier », 10 € – www.ruedelechiquier.net
Contact presse : Léa Thévenot. Tél.: 01 42 47 08 26 – leathevenot@ruedelechiquier.net
Michel Sourrouille