« Ivan Illich », pour une ascèse volontaire et conviviale par Thierry Paquot

Sous la direction de Serge Latouche, chaque fascicule des « Précurseurs de la décroissance » est consacré aux écrits d’une personnalité, Ivan Illich pour le dernier paru en janvier 2019. Le philosophe Thierry Paquot commence par une biographie très bien faite, significative de la complexité d’une personne jugé « inapte » lors d’un test à l’école primaire, mais qui a pourtant maîtrisé plus d’une dizaine de langues et écrit des livres aussi important qu’« Une société sans école » (1971) ou « Énergie et équité » (1973). Dans une deuxième partie qui fait à peu près la moitié de cet essai, nous pouvons lire des extraits de textes d’Ivan Illich qui montrent sa constante recherche de la meilleure analyse possible d’une société dont il pensait qu’elle courait au désastre.

Sa pensée aussi anticonformiste que stimulante sert de référence à plus d’un décroissant en actes. Si Illich n’utilise jamais le mot « décroissance », il développe des idées comparables comme contre-productivité de l’outil, disvaleur, frugalité, perte des sens et sens des limites. Il oppose à la société de croissance l’univers du vernaculaire, du hors marché, de l’autolimitation. Son ascèse vécue ne trouve sa réalisation qu’avec l’amitié, en quête du mieux-être : « La productivité se conjugue en termes d’avoir, la convivialité en termes d’être. » Grâce à ce petit livre, on pourrait multiplier les citations d’un homme à la recherche de la juste mesure des choses.


Éditions Le passager clandestin, 114 pages, 8 € – lepassagerclandestin.fr
Contact presse : Josépha Mariotti – josepha@lepassagerclandestin.fr
(Michel Sourrouille)