Maires, fermiers, entreprise, banque et épargnants : dans la Sarthe, un consensus citoyen pour les éoliennes

Sur la ligne de départ, ils étaient trois maires, Jean-Edouard Lamasson (à Juillé), Benoit Roux (à Piacé), puis Marcel Levesque (1) (à Vivoin). Ces trois mousquetaires sarthois ont lancé, poursuivi et mené à terme en six ans et demi un audacieux projet d’énergie renouvelable.

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par Jane Hervé

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Ces trois maires ont installé un parc d’éoliennes en pays belmontais : six brasseuses de vent (au total 10,8 Mw) sur leurs terres (3 à Juillé, 2 à Piacé, 1 à Vivoin). Lorsque les maires ont consulté leurs trois conseils municipaux respectifs, il n’y eut aucune voix d’opposition. « Favorable à l’unanimité », précise le présentateur du projet. Un miracle quand on connaît les aléas de toute démarche novatrice ! Un premier consensus surprise (complété par d’autres), dans notre cher pays où certains habitants qui veulent changer le monde (ici énergétique) se heurtent à d’autres qui rechignent contre tout. Il se peut que les opposants potentiels à l’éolien (« c’est moche, ça fait du bruit, ça ceci et ça cela ») aient implicitement admis cette « volonté locale » de développement du territoire. Menée par la Communauté de communes du pays Belmontais (située dans la Sarthe et en région pays de Loire), elle contribuait à l’objectif énergétique national. L’éolien étant – on le sait – « une énergie propre, renouvelable et locale ».

C’est alors que la Coopérative agricole des Fermiers de Loué (connus pour leurs exigences dans l’élevage des volailles et le ramassage des oeufs) ont adhéré à ce projet énergétique participant à une agriculture durable. Utilisant le photovoltaïque depuis 4 ans, ils représentaient environ 1000 agriculteurs pour un bassin de 3 500 emplois. En 2012, l’entreprise Quadran, spécialisée dans les énergies renouvelables, s’est chargée de la réalisation avec le soutien du Syndicat des énergies renouvelables. La coopérative et l’entreprise ont constitué la société Eoloué. En même temps, le Crédit Agricole est intervenu dans le financement, sous forme de DAT (dépôt à terme). 270 épargnants ont fait un dépôt moyen de 4 460 € (soit au total 1,2 M €). Le directeur des caisses du CA Anjou-Maine a apprécié l’« adhésion totale de ces habitants » soucieux avant tout d’une énergie verte et durable avant toute rémunération (2). Résultat : ce financement réussi a participé aux « nouveaux modèles économiques ». En six ans et demi, six « machines » (des éoliennes Vestas) sont installées (il faut 9 ans en moyenne dans notre pays). Elles brassent le vent sarthois et ont un bilan énergétique électrique positif. De surcroît, aucun propriétaire des terrains n’a manifesté de mécontentement. Voici un modèle de consensus citoyen entre diverses composantes de la société française qui pourrait accélérer la nécessaire évolution vers les énergies renouvelables…

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(1) Ce maire, également éleveur de poulet, a pris la relève du maire précédent.

(2) Le « complément de rémunération » accompagne le mécanisme de vente directe d’électricité à la bourse.

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Sur cette réalisation, à découvrir aussi ici la vidéo de Jérémi Michaux.

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