Energies renouvelables : Jean-Michel Germa tourne la page

Alors qu’ENGIE réunissait les journalistes au Club de la presse de Montpellier pour communiquer sur la bonne santé de la Compagnie du Vent et du groupe en matière d’énergies renouvelables, nous apprenions que Jean-Michel Germa, fondateur de la Compagnie du Vent, devenu actionnaire minoritaire, venaient de conclure un accord de cession de ses actions après cinq longues années de bataille juridique .

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par Dominique Martin Ferrari

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Jean-Michel Germa

La Compagnie du Vent est donc devenue une filiale à 100 % d’ENGIE, sachant que Jean-Michel Germa dans une quinzaine de mois au maximum en récupèrera le nom « trop connu pour être abandonné. Et puis c’est affectif » .

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La Compagnie du Vent a été la pionnière de l’éolien en France, riche d’un formidable savoir-faire et capital humain. Créée en 1989, elle compte aujourd’hui 150 collaborateurs et exploite 423 MW en éolien et 88 MW en solaire photovoltaïque. Ces actifs de production ont généré une production annuelle de 815 000 MWh, soit la consommation électrique, chauffage inclus, d’environ 340 000 personnes. En 2016, la Compagnie du Vent a investi plus de 88 millions d’euros dans le développement et la construction de nouveaux actifs dans l’éolien terrestre et le solaire photovoltaïque au sol.

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A Port la Nouvelle, ENGIE prévoit le remplacement des petites machines par de plus grosses avec une nouvelle concentration ; à Rivesaltes, avec la construction d’une centrale solaire de 13,5MW se mène un projet de production autoconsommée en lien avec l’université de Perpignan. Le groupe prend évidemment le train de l’objectif « région positive » et lance une campagne d’étude d’évolution des vents en lien avec les climatologues sur un ou deux ans.

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Jean-Michel Germa, devenu une des grandes fortunes françaises, a tourné la page et se consacre désormais à Sunti® et MGH®, ses deux créations de 2015.

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Avec Sunti®, jouant des fluides thermiques, Jean-Michel Germa a souhaité développer l’utilisation de l’énergie solaire associée à des mesures d’efficacité énergétique. « Le système proposé par Sunti® a un intérêt tant économique qu’écologique, explique Jean-Michel Germa : il permet de remplacer une consommation d’énergie carbonée par une consommation d’énergie renouvelable ». L’offre Sunti® cible les industriels ayant recours à la chaleur dans leurs procédés de fabrication, dans l’agroalimentaire (produits laitiers, boissons, conserves, sucre, etc.), la pharmacie, la chimie, la papeterie ou encore le secteur des textiles. Sont également visées les activités tertiaires énergivores, notamment les complexes hôteliers. Si le prix du pétrole retrouve ses couleurs, Jean-Michel Germa table sur un développement sur le marché français, mais également en Europe du Sud et en Afrique du Nord, notamment au Maroc.

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Par ailleurs, en lançant la société MGH®, il développe un autre projet innovant de stockage d’électricité en mer. Le système MGH® utilise le principe de la gravité appliqué à un système de poids de plusieurs dizaines de mètres de hauteur reliés à des structures flottantes de la taille de plateformes offshores, elles-mêmes connectées par un câble sous-marin au réseau électrique terrestre haute tension. « Il s’agit d’une technologie innovante, à faible empreinte environnementale par rapport aux systèmes de stockage massif existants, avec des structures flottantes situées à plusieurs dizaines de kilomètres des côtes », explique Jean-Michel Germa. Un marché global évalué à 130 milliards d’euros à l’échelle mondiale.

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Mais il reste encore un certain nombre de verrous technologiques à lever, quatre au moins ont été identifiés par l’équipe MGH®.

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D’abord, il faudra maintenir en posture fixe un navire par 3000 mètres de fond. « Pour l’instant, on ne sait pas faire à un coût acceptable », précise JM Germa. Ensuite, les génératrices nécessaires à la production d’électricité tournent rapidement. Or les poids montent et descendent lentement entre les moteurs et les treuils, « ils subissent des efforts aujourd’hui trop importants. Il est difficile d’en réaliser supportant les efforts induits par ces différences de vitesse ». Autre difficulté, venant des câbles de traction cette fois. Ils servent aux mouvements de montée et descente. « Ils doivent avoir une densité proche de celle de l’eau, sinon leur poids serait trop important lorsque les lests sont en position basse.» Des câbles en textile synthétique sont bien utilisés dans le monde de la marine, mais de manière très irrégulière. « Nous ne savons pas s’ils pourraient résister en fonctionnant 24h/24, sept jours sur sept. Ils risquent de s’user très rapidement » et d’entraîner une onéreuse maintenance. Enfin la résistance des câbles électriques qui serviront de jonction entre le stockage et le lieu de consommation est mal connue à 3000 mètres de profondeur : « ils sont extrêmement rigides, or le déplacement du navire, même faible, oblige à une certaine flexibilité. »

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On le voit, la matière résiste et les obstacles identifiés nécessitent encore de longues recherches coûteuses.

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En parallèle, Jean-Michel Germa, toujours attiré par la mer, travaille sur la propulsion électrique des navires. A Sète, un projet expérimental, baptisé Green Pilot, est en cours sur la pilotine Maguelone, un de ces petits bateaux rapides qui transportent les pilotes maritimes à bord des gros navires. Une expérience qui pourrait également s’appliquer aux remorqueurs ou à tout navire ayant un rayon d’action limité. Il s’agit de remplacer l’usage du gasoil par des batteries.

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Innovateur mais tenace, Jean-Michel Germa poursuit un autre combat : « je continue à défendre une évolution de la loi française destinée à favoriser les relations entre les PME et les grands groupes ». Sa rencontre avec le cabinet d’Emmanuel Macron à Bercy s’était soldée négativement, mais demain peut-être l’horizon peut s’éclaircir …

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