La comédie atomique – L’histoire occultée des dangers des radiations par Yves Lenoir

Nucleaire-LenoirCe livre au titre ironique nous montre que, dès ses origines au début du XXe siècle, le secteur de l’atome s’est progressivement doté d’organisations internationales de « radioprotection » dont, contrairement à ce que cette dénomination tente de faire croire, le rôle essentiel n’est pas de protéger les populations contre les effets des radiations, mais de minorer constamment l’impact de cette industrie sur la santé humaine et l’environnement. A travers les exemples de Tchernobyl et Fukushima, l’ingénieur Yves Lenoir, pionnier de la lutte antinucléaire en France et aujourd’hui président de l’association Les Enfants de TchernobylBelarus, expose les façons dont ce lobby, dont les membres sont juge et partie, a « noyauté » l’Organisation mondiale de la santé afin de lui faire adopter des « bilans » faussement rassurants sur les conséquences de ces catastrophes.

Au fil de cet ouvrage extrêmement bien documenté, l’auteur dévoile les arcanes de structures méconnues du grand public, comme le CIPR (Comité international de protection radiologique) ou l’UNSCEAR (Comité scientifique des Nations unies sur les effets des radiations atomiques). Ces organismes ont pour caractéristique de n’être soumis à aucun contrôle politique ou scientifique. « Avec une constance admirable, (le milieu de la radioprotection) a entretenu la foi dans l’énergie atomique et les rayonnements ionisants, magnifiant l’idée de leurs bienfaits et avantages, tout en en gommant les dommages, aussi abominables soient-ils », écrit Yves Lenoir.

Pour lui, le fait que de nombreux pays, dont la France, continuent à miser sur le nucléaire malgré son coût de plus en plus élevé, s’explique largement par la dimension religieuse de la croyance en l’atome, dont il voit les partisans comme des « prêtres » et des « prophètes ». Pour autant, se référant à l’exemple de l’Autriche qui a renoncé aux centrales nucléaires à la suite d’un référendum en 1978, Yves Lenoir veut croire que la conjonction d’un « engagement des politiques » et d’une « forte mobilisation citoyenne, dans le monde entier » permettra de faire face au « clergé de la religion atomique ». En faisant la lumière sur un système qui se maintient en grande partie grâce au secret, ce livre est en tout cas une œuvre de salubrité publique.


Éditions La Découverte, Collection Cahiers libres, 316 pages, 22 €
Contact presse : Marion Staub. Tél.: 01 44 08 84 22 – m.staub@editionsladecouverte.com
(Laurent Samuel)