Si j’étais élue présidente de la république en 2017 !

Si vous étiez élue présidente de la République en 2017, comment feriez-vous pour que Rémi Fraisse et Vital Michalon ne soient pas morts en vain ? Quel serait votre calendrier de décisions urgentes ou prioritaires, à moyen ou à plus long terme ?

.

par Marie-Paule Nougaret

12786283-remi-fraisse-vital-michalon-quand-l-histoire-se-repeteSans compétence pour diriger, je note que ces deux décès se sont retournés contre les pacifistes : on était tranquille, la violence nous perturbe, donc c’est la faute des morts.

.
J’ai vu comment le décès de Vital Michalon à Malville a vidé le mouvement écologiste, en 1977 (ça fera quarante ans lors de mon élection).

.

Je me souviens que des amis à Libération accusaient Greenpeace de pro-soviétisme lors de l’attentat contre le Rainbow Warrior : un mort, journaliste portugais, Fernando Perreira.

.

Je crains fort de voir mes sympathisants acculés à un affrontement décidé ailleurs.

.

Munie du pouvoir exécutif, donc, et puisque désormais celui-ci contrôle les deux autres, j’interdis l’usage des armes de guerre dans les opérations de maintien de l’ordre, pour commencer.

.

Deuxio, j’invite Paul Watson en France comme réfugié politique et le nomme citoyen d’honneur.

.

Trois, j’enseigne l’éco-toxicologie et la toxicologie industrielle à l’ENA.

.

Je retire aux préfets l’option de s’asseoir sur des jugement qui auraient cassé l’autorisation d’exploiter une installation dangereuse et je les nomme responsables sur leurs biens propres des effets de leurs décisions (comme les maires le sont déjà).

.

J’introduis le contrôle inopiné des incinérateurs et propose l’interdiction progressive des emballages et menuiseries en PVC, cancérigènes dans les incinérateurs et refusés de ce fait par le recyclage (pour recycler il faut chauffer). Il y a d’autres plastiques, après tout.

.

Actionnaire de Total, j’oblige les installations de désulfuration des fuels à fonctionner en circuit fermé (leur retire l’autorisation de rejets de SO2 dans l’air). Ainsi aurons-nous des raffineries dernier cri, comme en Arabie, au lieu de vieux clous.

.

J’ouvre un registre national des cancers pour en établir la carte, comme tout pays civilisé.

.

Je crée un fonds abondé par les pollueurs locaux pour dédommager les habitants des zones dont la valeur des immeubles s’écroulerait aussitôt.

.

Je ressuscite la cartographie annuelle des pollutions industrielles, avec l’adresse des dix plus gros pollueurs sur une carte de France, polluant par polluant.

.

Je rétablis les bureaux du ministère de l’environnement en province (DIREN).

.

J’abroge la loi de 2004 sur les sites pollués, et crée un fonds, comme en Hollande, ou aux Etats-Unis, pour dépolluer, en cas de problème de santé publique, si le pollueur s’est dérobé … et ensuite le poursuivre en justice pour rembourser la Nation de ses frais.

.

Je lance un audit des besoins des hôpitaux, de la justice et des inspections du travail.

.

J’oblige Vinci à construire un mur anti-bruit autour de l’église Saint Antoine de Calorgue, du XIIe siècle, que la firme est en train tranquillement de cerner avec deux échangeurs (doublement de l’autoroute A 9 refusé lors de l’enquête publique par cinq commissaires enquêteurs). Et encore, c’est gentil !

.

Je mets les gares ferroviaires au centre des villes.

.

J’applique les traités de protection de la nature que la France a signés : l’interdiction de chasse en période de nidification, sans exception, ou l’arrêt des chantiers quand on a découvert sur place une espèce rare menacée et/ou inconnue jusqu’alors dans le pays.

.

Je somme la Caisse des dépôts de sortir les fonds de la Caisse d’épargne de la construction d’autoroutes, ce qu’elle a commencé, non pas pour spéculer sur la bio-diversité, détruisant pour accumuler de la valeur financière, mais pour investir dans le solaire, l’hydro-électrique, l’éolien à petite échelle, autonome ou en coopérative locale, comme les Allemands.

.

J’interdis les brevets sur les crétineries du genre oreilles de Mickey, qui interdisent de les fabriquer en France et ne servent qu’à siphonner à l’étranger des bénéfices sous forme de royalties.

.

Je rétablis les études et le diplôme d’herboriste en sorte de protéger la flore médicinale comme les patients.

.

Je lance l’étude de la culture du Prunus africana et autres plantes sauvages sur-exploitées dans le Tiers monde pour la pharmacopée anti-tumorale.

.

Je signe enfin les décrets d’application de la loi juillet 2014, autorisant l’emploi des tisanes en agriculture (au lieu de pesticides dangereux).

.

Après le Smic industriel, j’insiste pour que l’Allemagne instaure un Smic agricole (pour payer ses ouvriers étrangers).

.

Je refuse même d’entendre parler d’accord de commerce tant que les Etats-Unis n’auront pas signé la convention de Vienne qui met les traités au dessus des lois (sauf pour eux).

.

Sachant que plus les arbres sont gros, plus ils dépolluent l’eau, l’air et les sols (de sept façons), je propose de fixer un prix pour tous les arbres, selon leur rareté, leur âge, leur beauté, leur valeur historique. Une telle mesure qui existe au nord de l’Europe,  oblige à payer avant d’abattre, même chez les particuliers, et de réfléchir avant de dégager un sol lunaire pour bétonner.

.

Ici s’arrête l’exercice de mégalomanie – ça fait du bien, mais bon, je dois surtout plus travailler !

.

Cet article a d’abord été publié sur le blog de Paul Jorion, où vous pouvez lire de nombreux commentaires d’internautes  à son sujet.

.

.


.