Un exemple réussi d’écotourisme artisanal

L’écotourisme est un concept anglo-saxon qui répond à des critères bien particuliers : découvrir les sites naturels de la planète intacts ou peu perturbés, généralement des sites protégés, avec des petits groupes, un moindre impact sur la nature, le respect des populations humaines rencontrées et un apport de devises qui doit profiter aux aires protégées visitées.

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par Jean-Claude Génot

TANZANIE-MALAWI-ZAMBIE 2015 298
La Ruaha : le plus grand parc national de Tanzanie (plus de 22 000 km2) – @ Jean-Claude Génot

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C’est une forme de tourisme qui s’adresse à des gens ayant un certain pouvoir d’achat aimant la nature, la faune sauvage et les grands espaces.

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Cette appellation est souvent détournée et utilisée par des professionnels du tourisme voulant élargir leur part de marché qui ne respectent pas un ou plusieurs des critères cités précédemment.

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La question de savoir si l’écotourisme est le moyen que le tourisme classique a trouvé pour aller exploiter les lieux naturels les plus reculés a toujours fait débat.

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Ainsi, malgré un discours de protection de l’environnement, l’écotourisme est-il compatible avec la fréquentation soutenue de territoires exceptionnels ? (*) Soyons clairs, toutes les formes de tourisme ont un impact sur la nature et les sociétés visitées. Mais le petit nombre de personnes impliquées dans l’écotourisme et l’éthique des entreprises et de leurs guides font des écotouristes des voyageurs prêts à s’adapter aux conditions locales plutôt que des touristes cherchant l’exotisme sans renoncer à leur confort.

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Pour avoir travaillé avec différents tours opérateurs (TO) en écotourisme et même guidé à titre expérimental un groupe en Biélorussie, je peux témoigner que ces entreprises sont souvent de petite taille, animées par des gens passionnés de nature et désireux de la faire découvrir à d’autres. Certaines associations ont été tentées de proposer ce type de prestation. Mais elles n’ont pas toujours réussi à maintenir cette activité car on ne s’improvise pas professionnel de l’écotourisme parce qu’on aime la nature, de la même façon qu’il ne suffit pas d’aimer la bonne cuisine pour être restaurateur.

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Amateur de safari depuis de nombreuses années, j’ai trouvé un guide d’expéditions naturalistes en Afrique dont la société, African Escapades, créée en 1995, correspond parfaitement à un écotourisme à taille humaine. Son fondateur, Frédéric March, est un passionné d’Afrique depuis le plus jeune âge. Zoologue et ornithologue, c’est un guide très expérimenté dont l’éthique conduit à faire découvrir la faune sauvage dans le respect de la nature (pas de dérangement de la faune pour une belle photo, limitation des déchets, bivouacs avec le moins de traces visibles) et des populations locales (respect des personnes et de leur mode de vie). Ses expéditions sont limitées à deux véhicules et 7 personnes, voire moins.

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J’ai participé à 5 voyages au cours des 20 dernières années : Zimbabwe, Namibie, Zambie-Malawi, Botswana et Tanzanie-Malawi-Zambie, une expédition spécialement organisée pour les vingt ans d’African Escapades. Frédéric March est un authentique artisan de l’écotourisme. Il aménage lui-même ses véhicules tout terrain pour les rendre plus robustes au niveau mécanique et plus autonomes en matière de produits transportés (carburant, eau, alimentation), ce qui représente des centaines d’heures de travail par véhicule. Il conduit, guide, cuisine, prépare les bivouacs, répare les véhicules et assure les contacts avec la police locale sur route et aux frontières avec humour et patience. Il est secondé par Innocent Muganhiri, responsable de la logistique, mais également chauffeur, guide et cuisinier. Inno est citoyen du Zimbabwe, pays où est installé African Escapades. Les devises laissées par le passage des groupes aident à la sauvegarde de certaines espèces ainsi qu’au développement des parcs nationaux africains.

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Concernant les populations locales, Frédéric achète tous ses produits localement sur les marchés en veillant à bien laisser son argent aux femmes, piliers des familles africaines. Il soutient certaines initiatives locales des femmes qui vendent des vêtements et autres produits, comme en Zambie par exemple. Il est en contact avec de nombreuses ONG locales qui agissent pour aider les paysans à se protéger contre les dégâts occasionnés par la faune sauvage en dehors des parcs nationaux. Il entretient de bonnes relations avec les gardes des parcs et échangent avec eux ses observations naturalistes.

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Si dans la plupart des expéditions, les groupes font des bivouacs en brousse, certaines nuits (la première après le voyage aller et la dernière avant le voyage retour) se passent dans des lodges de charme. Rien n’est laissé au hasard car chaque voyage est méticuleusement préparé pour tester les lieux d’accueil et pour repérer le trajet et les sites de bivouacs dans les endroits les plus sauvages. Grâce à sa connaissance de la faune africaine et des comportements des animaux, il peut donner les meilleurs conseils à ses clients pour éviter tout problème au cours du voyage et permettre de vivre des grands moments d’émotion quand la nuit, un éléphant passe juste à côté de votre tente. Son charisme, son sérieux et son expérience de l’Afrique ont fait son succès au point que de nombreux clients lui sont fidèles depuis 20 ans et que certains sont devenus ses amis.

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Si un safari vous tente hors des sentiers battus comme dans les parcs de la Ruaha, de la Luangwa ou du Kgalagadi, avec des accompagnateurs expérimentés suivant un itinéraire soigneusement élaboré et personnalisé, vous pouvez consulter www.africanescapades.fr

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* Gagnon C. et Gagnon S. 2006. L’écotourisme entre l’arbre et l’écorce. De la conservation au développement viable des territoires. Presses de l’Université du Québec. 414 p.

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