Congrès JNE 2015 : visite de la Maison de l’Estuaire au pied du Pont de Normandie

A l’occasion du congrès des JNE 2015, nous avons été reçus à la Maison de l’Estuaire par son directeur, Martin Blanpain, autour d’une maquette qui représente l’estuaire et la réserve naturelle nationale de l’Estuaire de la Seine.

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propos recueillis par Myriam Goldminc

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Vasière
La réserve naturelle nationale de l’Estuaire de la Seine @ Myriam Goldminc


« Cette réserve est l’une des plus grandes de l’hexagone, avec 8500 hectares, dont 4000 terrestres et 4500 maritimes et nous sommes chargés de sa gestion. Seize salariés à temps plein travaillent ici, ainsi qu’une animatrice nature à mi-temps.

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Notre mission repose sur 4 axes. Le premier est d’effectuer des suivis et des relevés scientifiques, de la faune, de la flore et des habitats naturels. Le second concerne la gestion des habitats et des milieux humides, par exemple en utilisant des troupeaux de vaches et de chevaux pour l’entretien des prairies humides et en pratiquant la fauche des roseaux, sans oublier la gestion hydraulique. Le troisième axe est la sensibilisation du public, avec des animations scolaires de mars à juin. Enfin, les agents de la Réserve sont chargés de la police de la nature auprès du tribunal pour toutes les infractions à la réglementation, comme l’abandon de déchets, les travaux de fauches précoces ou des aménagements non autorisés des mares de chasse et les sports motorisés tels que les quads, sans oublier la fréquentation des pêcheurs vers l’île artificielle créée pour les oiseaux au large de Villerville.

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Une série de mesures compensatoires

La Maison de l’estuaire étudie comment s’effectue le repeuplement ornithologique de ce territoire particulier. Cet îlot fait partie des « mesures compensatoires et d’accompagnement » adoptées pour réhabiliter les vasières et préserver plusieurs lieux de repos et de nourrissage pour les oiseaux comme la création d’un reposoir sur dune, et celle d’un méandre artificiel (25 millions d’euros).

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Il faut dire qu’au fil du temps, la Seine est devenue prisonnière d’un chenal. L’estuaire de la Seine a subi une série d’aménagements portuaires (Rouen et le Havre port 2000), ainsi que la construction des ponts de Tancarville et de Normandie, qui ont contribué à bouleverser l’écoulement de l’eau et à favoriser la sédimentation. Tous ces éléments ont entraîné une diminution des surfaces de vasières et, avec elles, celles de nombreuses espèces de limicoles. Les oiseaux marins peuplent l’îlot et les sternes ont adopté comme reposoir la dune artificielle. Les résultats sont moins évidents pour le méandre artificiel en amont. La fermeture de l’estuaire provoque la disparition des vasières pour laisser la place à des roselières.

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La pression de la chasse

La chasse est autorisée sur la moitié de la réserve, avec 190 mares de chasse au gibier d’eau. La pression de la chasse est importante, avec 19 000 adhérents, mais le 3e plan de gestion a permis de faire passer la surface de chasse de 75 % à 50 %. Les zones de chasse dans la réserve ont fait l’objet d’un compromis et les zones de non chasse restent trop morcelées, à l’exception de 750 hectares d’un seul tenant situé dans le marais de Cressenval au nord-est. C’est déjà ça !

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