Gouverner le climat ? Vingt ans de négociations internationales

Climat
Sous une forme toujours lisible (y compris par les non spécialistes de la recherche et de la diplomatie sur le climat), ce gros livre de 750 pages nous offre une réflexion d’une exceptionnelle richesse sur les ressorts de la crise climatique et les moyens d’en sortir. Il est l’oeuvre d’un politiste et sociologue des sciences, Stefan C. Aykut (LISIS, université Paris-Est), et d’une historienne des sciences, Amy Dahan Dalmedico (Centre Alexandre Koyré CNRS-EHESS).

Pour ces deux auteurs, la course de vitesse est inégale entre un processus de négociations internationales lent et complexe, et une dégradation de plus en plus rapide des conditions climatiques (depuis 1984, date de la mise en oeuvre des premières mesures fiables, l’accroissement des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère n’a jamais été plus important qu’entre 2012 et 2013).

Un hiatus aggravé à leurs yeux par le triomphe mondial de la « grammaire néolibérale » et « une réalité du monde marquée par la lutte acharnée pour l’accès aux ressources, par une globalisation économique et financière qui se nourrit de l’exploitation des énergies fossiles et par la propagation des styles de vie occidentaux ».

Au fil des chapitres, les deux auteurs retracent de façon vivante et documentée les grandes étapes des négociations climatiques depuis 30 ans (avec notamment des pages très instructives sur la genèse de la création du GIEC dans les années 80), en les reliant à l’évolution des recherches scientifiques, des rapports de force internationaux, sans oublier bien sûr le rôle-clé des ONG.

Consacré au beau sujet du « champ des possibles », le chapitre final défend l’idée que la « sortie » de la crise climatique exige une « grande transformation » de nos modes de vie et d’organisation sociale. Pas aussi pessimistes sur le sommet climatique de décembre que l’affirme un récent article de Stéphane Foucart dans « le Monde » ( à lire ➨ ici ),

Stefan C. Aykut et Amy Dahan Dalmedico forment le vœu qu’au-delà des nécessaires avancées concrètes, telles que la mise en œuvre d’un nouveau traité international prenant la relève du Protocole de Kyoto, la COP 21 de Paris « relance le débat indispensable sur les transformations, à toutes les échelles, de nos modes de production, de consommation, d’échanges, de nos modes de vie, pour un monde plus soutenable ».


Presses de Sciences Po, 750 pages, 23 € – www.pressesdesciencespo.fr
Contact presse : Pascal Montagnon – pascal.montagnon@sciencespo.fr
(Laurent Samuel)