Anti-loups au pouvoir, ou pouvoir anti-loups ?

Considérant que les pouvoirs publics sèment la violence, les principales associations de protection de la nature ne se rendront pas au Comité départemental loup des Hautes-Alpes le vendredi 13 décembre 2013. Voici pourquoi.

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par Marc Giraud

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Petit résumé de la situation : plusieurs préfets prennent des arrêtés illégaux de tirs au loup lors de battues, ce qui attise la discorde entre éleveurs et protecteurs. Quelques associations réagissent à ces arrêtés (ASPAS, FERUS et LPO PACA) et – forcément – gagnent, au moins au début (rappelons que ces tirs exceptionnels ne devraient avoir lieu que pour des troupeaux encore sur le terrain et bien gardés, ce qui n’est pas forcément le cas).

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Face aux suspensions de tirs obtenues par les associations, les éleveurs réagissent violemment. Le 8 novembre, se sentant vraisemblablement soutenus par les autorités, préfet en tête, certains d’entre eux vandalisent les locaux de la Société alpine de protection de la nature, ce qui est là aussi très moyennement légal. Ils ne sont pas inquiétés. Le 12 novembre, Serge Preveraud, président de la FNO (Fédération nationale ovine), se permet d’envoyer une lettre officielle à ses adhérents pour leur conseiller de balancer des cadavres de brebis sur les locaux des associations ayant gagné en justice. Lui non plus n’est pas inquiété. Mais les associations, elles, sont inquiètes. Et inquiétées.

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Le Conseil général (Cg) des Hautes-Alpes lui-même arrête soudain de travailler avec la LPO, mettant à mal les visites scolaires et autres activités. Pour le Président du Cg, Jean-Yves Dusserre, les suspensions de tir vont « à l’encontre de la protection du pastoralisme », oubliant qu’il ne s’est agi que de respect de la loi, et que les troupeaux sont déjà largement descendus des montagnes. Les pouvoirs publics sont donc clairement partisans, et l’on peut considérer cela comme une mesure de rétorsion.

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Réaction de l’ASPAS qui, dans ces conditions, refuse comme FERUS de se rendre au comité départemental loup des Hautes-Alpes : « Dans un État de droit, la suspension d’un acte administratif ne devrait pas être scandaleuse parce qu’une association a demandé au juge d’en vérifier la légalité, mais parce que l’acte déféré s’est avéré être illégal. »

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