Le message des chercheurs entendu : une loi algérienne pour s’opposer à la biopiraterie

Le message du chercheur et expert algérien, Aissa Abdelguerfi, à propos de la biopiraterie, semble avoir été entendu. Le ministère de l’Agriculture vient de faire savoir que ses services s’attachent à élaborer le cadre juridique qui permettra de protéger les ressources génétiques nationales soumises à la biopiraterie, qui est un pillage du vivant effectué par le biais de brevets, une spécialité américaine, selon la définition retenue par les écologistes.

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par M’hamed Rebah

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Dans ce sens, on apprend qu’un projet de loi sur les ressources biologiques et d’autres textes réglementaires sont en cours de préparation au niveau du gouvernement. Il y a dix ans, à peu près, à la fin 2003, le gouvernement avait déposé devant l’Assemblée nationale, un projet de loi sur les OGM (organismes génétiquement modifiés), retiré en novembre 2004 pour des motifs liés à des considérations juridiques, puis, visiblement, abandonné pour des raisons inconnues.

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Le projet de loi traitait de la circulation des ressources biologiques, du contrôle des OGM et de la prise en charge des risques liés à l’utilisation des nouvelles biotechnologies. Il s’inspirait du principe universel reconnu aux Etats, d’organiser la protection des espèces et de favoriser un développement qui utilise d’une manière durable les ressources biologiques. Le projet de loi visait à prémunir les réserves de la biodiversité en Algérie contre les manipulations génétiques, non contrôlées et non organisées, qui risquent de provoquer une réduction du patrimoine d’espèces et de se répercuter négativement sur la santé humaine.

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Dans cette perspective, c’est la loi qui devait déterminer les conditions de collecte, de circulation et d’utilisation des ressources biologiques et des connaissances qui leur sont associées. Elle devait également fixer les conditions de détention et/ou d’usage d’OGM, ainsi que les règles de sécurité liées à la prise en charge des risques découlant de l’utilisation des biotechnologies modernes. Enfin, la loi, si elle avait été adoptée en son temps, aurait permis la création d’une autorité nationale des ressources biologiques. Presque dix ans après, ce texte revient à l’APN pour examen et adoption. Entre temps, aucun cadre juridique n’existait pour empêcher la bio-contrebande de piller le patrimoine génétique de notre pays, dont les plantes médicinales et aromatiques destinées aux laboratoires pharmaceutiques et aux compagnies de l’agroalimentaire et du cosmétique à l’étranger.

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Autre annonce tardive, l’Algérie aura d’ici à 2014, une banque de gènes qui aura pour mission, la conservation et la valorisation du patrimoine génétique végétal, animal et microorganismes. Cet instrument sera aussi, dit-on, l’outil d’aide à la décision en matière de sécurité alimentaire à travers des choix stratégiques. « Ces questions seront discutées au cours de la première réunion de travail du comité sectoriel des ressources génétiques, nouvellement créé, qui se réunira prochainement en vue d’élaborer une feuille de route pour la mise en œuvre de la stratégie de conservation, de la gestion et de la valorisation des ressources génétiques nationales.

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Parallèlement à cela, un projet d’inventaire exhaustif de la flore et de la faune sauvage est en cours de lancement par le ministère de l’Agriculture, ce qui permettra l’évaluation de l’érosion génétique particulièrement en ce qui concerne la flore. Un travail qu’aurait dû faire le Centre de développement des ressources biologiques qui existe depuis longtemps.

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Cet article a été publié dans le quotidien algérien Reporters.