Vers une prise de conscience citoyenne ?

 


par Danièle Boone

L’écologie est la grande absente du débat politique, c’est enfoncer une porte ouverte que de le dire encore. Mais est-ce à dire que nos concitoyens n’en ont vraiment rien à cirer ? N’est-ce pas plutôt cette politique politicienne loin des réalités quotidiennes qui éloigne une grande partie des Français du débat actuel ? Il faut dire que l’ensemble des candidats donne une démonstration de médiocrité assez désopilante. Leurs propositions sont inconsistantes et leurs promesses dérisoires. Ainsi, le futur président ne sera pas élu pour lui même mais contre le perdant. En d’autres termes, il sera le président du moins pire. L’écart entre le pouvoir et le peuple risque de se creuser, mais c’est tant mieux si cela devient le ferment d’une prise de conscience citoyenne.

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Combien de temps accepterons nous encore de voir nos dirigeants nous mener dans le mur à la vitesse grand V ? Tout le monde sait que la France peut très bien connaître demain le sort de la Grèce et que relancer la consommation n’est pas la solution à la crise. Celle-ci est née d’un système où l’on se mord la queue. Les grandes organisations internationales, FMI et Banque mondiale, ont orchestré la dette des pays du Sud pour mieux les exploiter et voilà qu’elle nous a rattrapée. C’est l’arroseur arrosé !

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Alors, la solution ? Je fais partie de ceux qui pensent qu’elle est forcément écologique et qu’elle passe par l’éradication de la faim dans le monde et l’abolition d’un système basé sur le toujours plus. Une utopie ? Sans doute, mais l’histoire témoigne que ce sont les utopies qui ont fait avancer le monde. Pierre Rabhi dit qu’il faut incarner les utopies. A travers le mouvement « Tous candidats 2012 », il invite à passer à l’acte pour établir « une république des consciences ».

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De bien jolis mots qui peuvent paralyser monsieur et madame tout le monde qui se pensent généralement totalement impuissants, une pensée bien cultivée par l’ensemble des lobbies qui manipule sournoisement l’opinion publique et qui, à notre insu, a dévalorisé l’écologie tant et si bien que désormais, nous, les écologistes, sommes perçus comme des empêcheurs de tourner en rond, pire des pourvoyeurs de taxes en tout genre ! Bref, l’écologie est assimilée à un problème. D’ailleurs, les journalistes en nature et écologie en font les frais dans la presse où nombre de rubriques ont disparu ou été mises en berne comme tout récemment sur le site du Monde où il faut maintenant chercher pour la trouver ! Pas étonnant donc que les politiques laissent le sujet de côté.

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Pourtant, regardons ce qui se passe autour de nous. Nos concitoyens savent désormais que les aliments qu’ils mangent, l’air qu’ils respirent, l’eau qu’ils boivent les rendent malades. Croire que les Français sont fatalistes est une erreur. L’engouement pour le bio malgré le mitraillage « le bio c’est réservé aux riches » en est une preuve. Et là, les candidats ratent le coche. De toute part, apparaissent des îlots de résistance pour parvenir à plus d’autonomie et échapper aux diktats de l’industrie : potagers individuels ou jardins partagés, éco-villages, écoles parallèles… Place aux initiatives et au « faire ».

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Côté biodiversité, les gens ne sont pas idiots non plus. Ils voient bien que les papillons sont de moins en moins nombreux. Mieux, ils sont très nombreux à contribuer à l’Observatoire des papillons lancé par Vigie Nature et le Muséum d’Histoire Naturelle. L’engouement pour les sciences participatives est un phénomène fort intéressant. Ces exercices d’observation demandent de regarder, mais surtout de nommer, c’est-à-dire connaître. Or on n’a envie de protéger que ce que l’on connaît. Alors, pour voir des petites tortues, machaons, belles-dames et autres beautés ailées dans son jardin, on plante des plantes mellifères, qui attirent aussi les abeilles et plein d’autres insectes. C’est un début de conscience qui déclenche un début d’action, si modeste soit-il.

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Cela dit, je me garderai bien de faire le panégyrique des sciences participatives car elles sont nées pour pallier en partie la presque disparition des scientifiques naturalistes et des crédits de recherches qui vont au profit de la biologie moléculaire. Mon propos est de montrer que nous vivons de plus en plus dans des sociétés à deux vitesses. Il y a certes les riches de plus en plus riches et les pauvres de plus en pauvres, mais il y a aussi un pouvoir de plus en plus éloigné des réalités et de plus en plus de choses qui se passent sur le terrain. Même si les scintillements de la société de consommation éblouissent encore le plus grand nombre, l’éveil est en marche. De toute façon, nous n’avons plus le choix : nous savons tous – même ceux qui font l’autruche – que le monde a ses limites. Et c’est là, la bonne nouvelle ! Alors, actif ou passif ? Moi, j’ai choisi mon camp. Et vous ?

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.Cet éditorial, comme tous ceux de ce site, n’engage que son auteur.

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