Ech’(eau) de Rome

Depuis (au moins) dix ans, des dirigeants de Veolia et de Suez, des hommes politiques de droite et parfois de gauche, des « spécialistes » de l’eau et de l’assainissement nous expliquent doctement que le débat public-privé est dépassé et que nous sommes des attardés de ne pas l’avoir encore compris !

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par Jean-Claude Oliva

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Manifestation pour l'eau à Rome le 26 mars 2011 - photo Josiane Tessier

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Malheureusement pour eux, deux faits restent insolubles dans leur discours. Le premier, c’est que nous sommes de plus en plus nombreux à considérer l’eau comme un bien commun, hors de la sphère marchande. Ainsi, samedi 26 mars, des dizaines de milliers de personnes le clamaient haut et fort dans les rues de Rome.

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Certes, il ne suffit pas d’être les plus nombreux et les plus bruyants pour avoir forcément raison. Les manifestants italiens (et quelques Français perdus dans la foule, dont j’étais) lançaient la campagne du référendum pour abroger plusieurs lois scélérates prises par Berlusconi et avant lui par Prodi : les unes obligent les sociétés qui gèrent l’eau à être détenues à 40 % par des capitaux privés ; une autre assure un profit garanti sur le tarif, plus précisément 7 % de rémunération sur le capital investi, quelle que soit la qualité du service rendu ! Voici une rente de situation à faire pâlir d’envie les barons de l’eau français…

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Mais surtout, cela révèle un second fait : la privatisation, en Italie comme en France et dans de nombreux pays dans le monde, est à l’œuvre. Et c’est ce phénomène réel et mondial qui provoque des résistances et la poursuite du débat public-privé. Mais je comprends bien le sentiment œcuménique des belles âmes qui, prenant leur désir pour des réalités, annoncent chaque matin, la mort du débat public-privé. Mieux, je le partage !

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photo Josiane Tessier

Oui, sortons vite de ces polémiques. Il existe pour cela une solution très simple : stopper net les privatisations en cours, placer partout les services de l’eau sous maîtrise 100 % publique et contrôle citoyen. Alors les dirigeants de Veolia et de Suez, les hommes politiques de droite et parfois de gauche, les « spécialistes » de l’eau et de l’assainissement pourront dire sans se tromper que ce débat est dépassé. Mais en attendant, continuons le débat !

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Pour en savoir plus sur les questions soumises au référendum les 12 et 13 juin prochain en Italie, voir :
http://www.acquabenecomune.org/raccoltafirme/index.php?option=com_content&view=article&id=134:i-quesiti-referendari&catid=34:quesiti&Itemid=53

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